Aptonymes et contraptonymes
3min -On a tous connu un Monsieur Lepetit qui était très grand ou un Monsieur Legros qui était tout maigre. Ou encore une Madame Lebreton, née à Marseille, un Monsieur Normand qui a résidé tout sa vie à Bordeaux. Et que dire de ces nombreux français qui s’appellent « Litalien », « Lallemant », Lespagnol » ? Toute une histoire en somme... Parfois cela déborde sur la vie professionnelle : « Monsieur Charpentier, boulanger » «Salon de coiffure Lechauve », « Jocelyne Lamain, podologue ». C’est parfois éminemment gênant car cela ressemble quasiment à une provocation. Plaignons ainsi le psychiatre qui s’appelle « Bargeot » ou le syndicaliste qui s’appelle « Lepatron ». Parfois à l’inverse, il y a des gens bien nommés. On dirait même que ces personnes devaient être prédestinés à exercer telle activité ou un métier.
Cela porte un nom savant, cela s’appelle un « aptonyme ». Les exemples foisonnent « Magasin de lingerie Bonichon » « Jean-Claude Beauregard, opticien ». Parmi les personnalités célèbres, on ne peut que se réjouir qu’un célèbre basketteur s’appelle Mickaël Gelabale (Ben oui, c’est mieux, mais marque un panier tout de même…). A-t-on pu s’étonner de voir Edith Cresson nommée Ministre de l’Agriculture (spécialiste en salade ?), ou Romain Leboeuf recevoir le prix du meilleur boucher de France.
A l’occasion du centenaire de l’Union Régional des Transports d’Alsace, on apprend que le Syndicat des Transporteurs du Haut-Rhin a été créé en mars 1919. Et que son fondateur s’appelait Monsieur Lesage ! Et effectivement, il fallait être sage (et visionnaire) pour fédérer une Profession si peu de temps après la grande guerre et alors que le transport par camion motorisé était une activité nouvelle. Entre aptonymes et contraptonymes, il faut cependant rester prudent : mon grand-père s’appelait Leca, mais il n’était pas grave...
Florence Berthelot