Bal tragique à Bruxelles...
2min -La semaine dernière, un compromis a été trouvé à Bruxelles sur les nouvelles règles devant s’appliquer aux transports routiers et aux conducteurs. Instauration d’une période de carence pour le cabotage, obligation du retour du véhicule dans le pays de l’entreprise toutes les 8 semaines, encadrement des véhicules légers. Les avancées de ce compromis sont considérables. Ce fut le résultat de négociations au sein d’un « trilogue ». Derrière ce mot, il faut comprendre le compromis est intervenu entre le Conseil, le Parlement et la Commission européenne.
Mais cette semaine, stupeur ! Au mépris de toutes les règles de loyauté et d’impartialité, la Commission européenne a fait une déclaration politique indiquant que ce compromis était contraire au « Green Deal » ! Ce « Pacte vert » est la ligne directrice en matière de politique de lutte contre le réchauffement climatique de la Commission pour les 5 prochaines années. La Commission considère (sans la moindre preuve) qu’obliger un camion à retourner dans son pays toutes les 8 semaines sera source d’émissions de CO² supplémentaires, et que soumettre les pré et post acheminements aux règles sur le cabotage (et donc au détachement de salariés) handicapera le transport combiné. Bizarre, ce sont exactement les arguments des opposants au compromis trouvé, notamment de la Roumanie, pays d’origine de la nouvelle commissaire aux transports.
Et voilà qu’on nous balance le climat dans la figure comme si ce sujet (certes majeur) devait primer sur tout, y compris sur les conditions de travail des conducteurs. Comme si c’était « bon pour le climat » que des camions et des conducteurs restent des semaines ou des mois sur un autre territoire que le leur au mépris des conditions de travail et de rémunération ! Ce qui se passe en ce moment à Bruxelles est inédit. Et scandaleux. C’est clairement démontrer que la nouvelle Commission se fiche éperdument du progrès social et de la régulation de la concurrence. Elle vient d’ouvrir la porte à une profonde désunion de l’Europe. Elle affiche une attitude partisane méprisant toutes les règles de la démocratie. En cette fin d’année, on avait prévu de vous dire tout autre chose et de vous souhaiter de bonnes fêtes. Ce que l’on fait sincèrement. Nous, on continue le combat.
Florence Berthelot