Balance ton port
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Balance ton port
La grève des personnels de manutention portuaire ne s’est pas arrêtée. Certes, cela ne fait pas la une des journaux télévisés, on n’en parle pas à la radio. Pourtant cela continue d’empoisonner la vie de bien des acteurs économiques qui travaillent sur les grands ports français. Importateurs, exportateurs, transitaires, transporteurs, le ras-le-bol gagne tout le monde. Entre les retards, les surcoûts et les pénalités, les grèves viennent aggraver une situation qui est déjà fragile.
Sous forme de grèves perlées, 4 heures tous les deux jours, l’intensité de la revendication se traduit par un durcissement du conflit. 24h d’arrêt complet, puis 48h, opération « ports morts ». Et pourquoi ?
Parce que lors de la réforme des retraites, des engagements ont été pris par un précédent gouvernement et qui ces engagements n’ont pas été tenus. On peut se dire vu la vitesse de défilement, le temps de prendre connaissance du dossier, on était déjà passé à autre chose ou à un autre ministre.
Bref, comme dirait l’autre « cela ne nous regarde pas ». Mais un peu quand même.
Les Fédérations professionnelles locales ou nationales, les organisations interprofessionnelles montent au créneau. Cela ne peut plus durer. Cela fait des mois que la situation se répète.
Les concurrents étrangers se réjouissent : Anvers, Zeebrugge, Rotterdam, Gênes et Barcelone accueillent les navires qui se détournent des côtes françaises.
À chaque conflit social de cette nature, c’est l’attractivité de notre pays qui en prend encore un coup.
Et pourtant avec une telle façade maritime, de telles infrastructures, nous devrions être au top niveau.
Mais non, en 2023, le volume de fret a régressé de 4,3% par rapport à 2022 et au 3ème trimestre 2024, le trafic de marchandises transitant par les grands ports de commerce métropolitains chute (- 7,7 %) par rapport au deuxième trimestre 2024. Par rapport au même trimestre de l’année précédente, la baisse est de 7,3 %. (source : données et études statistiques du ministère de l’Aménagement du territoire)
Le pompon, c’est que ce sont les chiffres les plus bas depuis… 2014.
À n’en pas douter, nous aurons certainement droit dans quelques temps, à une énième mission d’information ou enquête parlementaire sur le ton « mais comment se fait-ce ? ». Les mains sur les hanches et l’air outragé, on en sera encore à se demander pourquoi, comment et qu’est-ce qu’on peut faire. Ou alors, on déterminera encore et toujours une nouvelle stratégie nationale portuaire, ou de relance portuaire ou de n’importe nawak portuaire, comme on le fait tous les 5 ans, depuis des décennies.
(Cela fait un peu penser aux cycles de débats sur le fret ferroviaire….)
Tout le monde fera, comme d’habitude, semblant d’y croire. Dans le futur ce sera différent, promis juré, on va être compétitif, on va être attractif.
Sauf que c’est trop tard. Bien trop tard.
Inutile de faire la danse du ventre. Nos ports ont été balancés à la baille.
Et en plus, dans l’indifférence générale.
Florence Berthelot