C'est de la magie

C’est de la magie !

Avez-vous déjà participé à un spectacle de magie de proximité comme on dit en Français ? Bon, le terme adéquat est anglais : c’est du close up. Un prestidigitateur vous fait disparaître des cartes à jouer signées ou avec des dessins ou pliées qui réapparaissent dans une poche, dans un sac ou sous une serviette de table alors que ce n’est pas possible ! Ou encore des pièces, des rubans ou des foulards. C’est très énervant. On a beau regarder les mains, les poignets (je l’aurai un jour… je l’aurai…) on se fait avoir à chaque fois.

On en ressort amusé mais quand même floué. (Ai-je toujours mon portefeuille ?)

Cette allusion à la magie vient à l’esprit quand on aborde la manière dont le projet de loi de finances a été adopté. Encore un énième 49.3, le calibre le plus utilisé de la République, une motion de censure rejetée plus tard et hop, c’est adopté.

Ah oui mais il y a comme un problème : le seuil de chiffre d’affaires pour être soumis à la TVA pour les micro-entrepreneurs a été abaissé à 25 000 euros (au lieu de 37 500 euros pour les services et 85 800 euros pour la vente de marchandises auparavant).

Tollé général de la part des petites entreprises.

Sapristi ! Saperlipopette ! Flûte ! Comment est-ce possible ? Le Premier ministre en personne avoue : « on ne l’a pas vu ». Ah bon ?

Est-ce le génie des lois de finances, le magicien du Code des Impôts qui est passé par là ? Moralité : en fait, on ne va pas l’appliquer.

De même, par quelle diablerie a-t-on pu laisser passer un texte qui supprime d’un trait une aide de 25 millions d’euros pour soigner les cancers pédiatriques ? On ne l’a pas vu non plus ? Un sorcier ou un enchanteur est passé par là ? « On va remettre cette aide ».

Moralité, on se demande vraiment ce qui a été proposé et finalement ce qui a été voté. Personne n’en sait rien. Personne ne peut rien expliquer.

C’est de la magie ! Tout le monde est ravi que la loi de finances soit adoptée mais personne n’est content de son contenu ! De toute façon, si des dispositions ne vont pas, on ne les appliquera pas.

Ah et puis des millions ici ou là, qui pour l’intelligence artificielle qui pour une autre grande cause. Quelqu’un a effacé la dette de 3 300 milliards ? Elle est passé par ici, elle repassera certainement par là…

On croit peut-être qu’à utiliser les formules magiques, on peut tordre la réalité à sa guise. Mais les mots sont puissants, et mal employés, sont source de bien des maux.

Curieusement, pas de mantra pour réaliser les économies, lutter contre toutes les gabegies, les excès de bureaucratie.

Gandalf, Merlin, et la fée Morgane sont manifestement partis en vacances. À moins qu’ils ne dansent, envoûtés, sur le dernier tube à la mode dont le titre est … « Abracadabra »….

Florence Berthelot