C’est un peu court

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C’est un peu court

Dans Cyrano de Bergerac, la fameuse tirade du nez commence par ces mots : « C’est un peu court jeune homme ! ».

À notre époque, pour respecter l’inclusivité, on ne pourrait plus laisser passer ça. Il faudrait écrire (parce qu’à énoncer, c’est impossible) « c’est un peu court jeune homme/femme ». À moins que l’on dise « c’est un peu court jeune iel ». Mais attention on pourrait être suspecté d’en avoir après les jeunes et alors cela finirait en « c’est un peu court ».

Ce qui n’est pas court, c’est le nombre de listes qui candidatent aux élections européennes : 37 ! Un record. Comme d’habitude, les partis dits « traditionnels » côtoient des listes dont le nom est à lui-seul tout un programme « Pour une autre Europe », « Changer l’Europe », « l’Europe ça suffit ! », « Non ! Prenons-nous en main » ou encore « Réveiller l’Europe ». On ne peut pas toutes les citer mais c’est assez baroque.

En revanche, en termes de programme concernant le transport routier et particulièrement le transport de marchandises, pour le coup, c’est un peu court ! On a un peu regardé le contenu des listes principales : soit il n’y a rien, soit c’est « la décarbonation » (avec quelques variantes) et le report des marchandises de la route vers le ferroviaire, et donc l’interdiction des écocombis.

Cette lecture laisse sur sa faim. D’où l’idée de la FNTR d’organiser un diner-débat sur les enjeux du transport routier et de la logistique pour la prochaine mandature. Certaines listes ont soit décliné (pas dans la ligne du parti de discuter avec les transporteurs) soit n’ont pas trouvé d’intervenant (?). Cinq représentants ont participé et ont pu exposer leur vision. Quelques piques mais sans polémique, dans le respect et l’équilibre des temps de parole, les transporteurs présents ont pu aussi témoigner de leur quotidien d’entrepreneur, ou encore des obstacles invraisemblables à reporter des flux vers d’autres modes. Une vraie dissension est apparue entre les partisans de la norme, et ceux qui considèrent qu’il y en a trop, ou qu’elles sont trop complexes.

Ça change des débats spectacles que l’on peut nous infliger à la télévision. Cela révèle aussi qu’un programme, c’est toujours trop court pour développer une approche sectorielle. La seule chose à redouter, comme toujours, s’avère d’obtenir ces discussions avant les élections et ne plus en avoir après. C’était tout le sens de la conclusion de cet événement où chacun, selon sa sensibilité, a pu dire que le dialogue ne faisait que commencer.

Certes la législature à venir sera, sur nos sujets, moins frénétique que les cinq années écoulées avec le Paquet Mobilité et le Green Deal. Reste l’épineuse question du contrôle des règles adoptées et de la réalité des objectifs fixés. L’Union Européenne traverse en ce moment une période compliquée en termes politique, économique et géostratégique.

La question demeure de savoir si chacun de nous souhaite lui donner un temps long ou un temps court…

Florence Berthelot

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