Ceci n’est pas une parenthèse
2min -Il est assez troublant de voir certains imaginer que tout ceci n’est que le bouton « pause », une sorte de parenthèse. Tout reprendrait comme avant, certes pas d’un coup, mais après un redémarrage progressif, on finira par retrouver notre ancien mode de vie. Les salariés en chômage partiel et ceux en arrêt maladie mais qui ne sont pas malades (système plus avantageux que le chômage partiel) pensent que chacun va retrouver son boulot, sa routine. L’argent magique coule à flot pour soutenir les entreprises. Les échéances de cotisations, charges, impôts sont reportées (mais pas annulées). Les obligations règlementaires de toutes sortes sont décalées. D’autres, à l’inverse, pensent que le monde d’après ne devra plus être comme avant. Ce serait l’occasion d’aller vers un monde décroissant, plus écologique, plus juste, la fin du capitalisme, de la mondialisation, de ce que vous voulez. Ce doit être l’effet du confinement. Manifestement, certains ont du temps pour rêver. La réalité, vue du monde des entrepreneurs, est tout autre. La récession économique est déjà là. Il y aura beaucoup de dégâts, de faillites, de chômage. Et l’interdépendance des secteurs créera un effet domino dont personne ne peut mesurer l’ampleur aujourd’hui, sauf à redouter que cela risque d’être très violent. Il y aura de lourdes factures à payer, des dettes à rembourser. On peut espérer que cela ne durera pas, mais n’y comptons pas trop. Dans notre vie de tous les jours, nous porterons encore des masques (quand ils seront arrivés), nous nous tiendrons loin des autres, nous ne nous déplacerons pas à notre gré en France ou ailleurs, du travail aux loisirs les comportements auront changé. Et surtout nous devrons affronter certainement une crise économique (et peut-être aussi une crise sociale) d’une nature inédite. Nous trouverons certainement la façon médicale d’endiguer le coronavirus. Mais il y aura d’autres maux. Et on n’y mettra pas de guillemets.
Florence Berthelot