Comme un vertige…

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Comme un vertige…

Dans tout le débat sur la transition énergétique, la question du financement est centrale. Rappelons que pour décarboner tous les véhicules lourds en France, le surcoût d’investissement a été estimé à 53 milliards d’ici 2040.

Différentes estimations font apparaître que les investissements nécessaires pour une décarbonation totale au niveau mondial à horizon 2050 seraient de 3000 milliards par an.

La question posée de manière récurrente est : qui paye (ou qui va payer) ? Manifestement, tout le monde. Mais on s’attachera avec intérêt sur les planifications d’investissements en matière d’énergies alternatives.

Et c’est là qu’un article de l’Agence Reuters du 9 octobre 2023 vous plonge dans un abîme de perplexité. On y apprend que l’OPEP revoit à la hausse la demande de pétrole à long terme.

Saperlipopette, comment serait-ce possible alors que nous devrions accélérer l’électrification de manière massive, produire de l’hydrogène vert, développer les carburants bas carbones etc.. ?

Bon, on comprend que la préoccupation des pays producteurs de pétrole n’est pas de voir se tarir une source conséquente de revenus.

Néanmoins, l’OPEP part d’un constat : la demande de pétrole reste robuste. En outre, les populations expriment de plus en plus « leurs inquiétudes quant aux coûts et aux avantages réels des objectifs de zéro émission nette ».

Évidemment l’organisation brandit la menace d’un chaos « énergétique et économique » si le pétrole est abandonné trop vite alors que les alternatives ne sont pas là.

La demande de pétrole est aujourd’hui tirée par la Chine (et la majeure partie de l’Asie), l’Inde et l’Afrique.

Et en 2045 il y aurait 2,6 milliards de véhicules sur les routes à travers le monde, soit un milliard de plus qu'en 2022 dont 72% seront propulsés par un moteur à combustion, malgré une augmentation notable de la part des véhicules électriques.

Moralité, il faudrait investir 14 000 milliards supplémentaires (!) en infrastructures pétrolières pour répondre à la demande future.

D’éminentes institutions -au premier rang desquelles l'Agence internationale de l'énergie- ne sont pas du tout d’accord et considèrent que l’on attendra un plateau concernant la demande d’énergie fossile (pétrole, gaz naturel et charbon) d’ici 2030.  

Sauf que (et là c’est un article des Échos qui nous le révèle), l’année 2023 établit un record mondial de consommation de charbon…

Difficile de s’y retrouver dans ce tournis de chiffres et de prévisions.

Mais il ne faudrait pas que se développe le sentiment qu’on va demander à des certains pays notamment européens des efforts considérables, des ruptures technologiques brutales, des revirements drastiques de stratégie alors que d’autres pays ne sont pas du tout engagés dans la même démarche. Et que la décarbonation ne se fera pas partout mais à quelques endroits, ce qui signifierait qu’elle ne se ferait pas.

Il ne faudrait pas les opérateurs économiques ou tout simplement les habitants de ces pays pensent qu’ils seront les seuls mis à contribution au prix de taxes, d’inflation des coûts énergétiques, de normes contraignantes et …..de culpabilisation.

Il ne le faudrait pas…

Florence Berthelot

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