Conférences, colloques et assises
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La conférence sur le financement des infrastructures de mobilité s’ouvrira le 5 mai à Marseille.
C’est un lundi (et accessoirement la Sainte Judith). Ce round de réunions d’ateliers et de plénières qui doit s’achever début juillet s’est trouvé un nom : « Ambition France Transports »
Précision : il s’agit d’une conférence qui, par nature, est un terme impropre car, selon l’Institut de Mathématiques de Marseille (justement…), dans une conférence, un ou plusieurs spécialistes s’adressent à un public. Il n’y a pas d’interaction, c’est un spécialiste qui expose ses idées à un public souvent passif. Plus curieusement, l’Institut précise qu’une conférence « ne dure qu’une heure ou deux et on ne dort pas dans un hôtel. ». Ah... s’il faut savoir en plus où on dort…
Ce même institut a référencé tous les évènements scientifiques classés par ordre d’importance : du semestre thématique au congrès, du colloque au symposium, du colloque au débat, les mots ont un sens s’il vous plaît !
Maintenant, si on était un peu persifleur (mais jamais voyons !), on peut se dire que le thème de la conférence n’étant pas scientifique, la qualification n’a pas beaucoup d’importance. D’autant qu’en fonction de l’interlocuteur en face de vous pour préparer les travaux, on dirait que les objectifs varient.
Certains disent qu’il faut juste évaluer les besoins en financement pour les années à venir pour entretenir le réseau et le développer ; d’autres vous disent qu’entre 2031 et 2036, 80 % des concessions autoroutières vont parvenir à leur terme et qu’il faut dès aujourd’hui aborder la suite. D’autres encore vous disent qu’il vaut mieux flécher les recettes de la route vers la route (sous-entendu éviter que Bercy ne capte tout pour faire autre chose).
Tous s’accordent à peu près pour dire que ce ne sera pas le lieu de nouvelles taxes ou de nouveaux prélèvements notamment sur le bouc émissaire habituel (usual suspect) à savoir le transport routier de marchandises.
Oui mais ce n’est pas si clair. Car d’éminents spécialistes du secteur affirment déjà que la ristourne TICPE dont bénéficient les entreprises de transport a déjà sa fin programmée en 2030 (Loi Climat et Résilience), que le mécanisme de taxe carbone européenne dite ETS 2 va rentrer en vigueur en 2027, (les deux mesures cumulées c’est a minima 27 centimes par litre) sans compter d’un côté le versement mobilité et de l’autre, les écotaxes régionales dont la région Grand Est et avant encore l’Alsace vont se faire les pionnières.
C’est pour cela que l’on ne peut être que saisi d’un certain doute sur les intentions « pures » initialement affichées.
D’autant que la communication peut dire ce qu’elle veut, on a déjà connu cet exercice en 2017-2018 avec les « Assises » de la Mobilité. (Notons que le mot « assises » n’est pas référencé par l’Institut des Mathématiques de Marseille). Inévitablement, le secteur du transport routier de marchandises va faire l’objet de bien des attentions plus ou moins louables. Espérons que cela ne soit pas un procès d’assises.
C’est bien pour ça que nous serons présents et actifs lors de cette « Conférence ».
(Au passage, n’en déplaise aux scientifiques, on dormira à l’hôtel si on le doit. Ou si on en a envie.)
Florence Berthelot