Coups de pompes

3min -
Coups de pompes

Dans une Fédération professionnelle, il existe deux signaux qui alertent sur les problématiques rencontrées par les adhérents. Le premier c’est quand tout le monde vous appelle. Le deuxième c’est quand le téléphone est muet.

Trois semaines de graves difficultés d’approvisionnements pour les entreprises de transport, aussi bien à la cuve que dans les stations dédiées ont durement éprouvé tant les chefs d’entreprise que les personnels, au premier rang desquels, les conducteurs.

Pompes vides, absences ou retard de livraison de gazole, rationnement, prix surréalistes, camions à l’arrêt, système D, la fin septembre et le début octobre ont été très pénibles particulièrement dans les Hauts de France, l’Ile de France, le Grand Est.

A l’heure où ces lignes sont écrites, on y ajoutera Bourgogne-Franche Comté, Centre Val de Loire et AURA. Peu de régions sont réellement épargnées. Malgré la signature d’accords sociaux chez les pétroliers, la situation reste tendue. Les réquisitions gouvernementales, le déblocage des stocks stratégiques ont permis de desserrer un peu la tension. Mais les automobilistes continuent de prendre d’assaut les stations-service, et les vacances de la Toussaint arrivent.

Le maintien de la ristourne de 30 centimes jusqu’à la mi-novembre permettra d’éviter d’accentuer cette surconsommation des particuliers désireux de profiter jusqu’au dernier jour d’un carburant moins cher.

Les deux dernières semaines, les syndicats régionaux et départementaux de la FNTR ont multiplié les démarches vers les Préfectures afin de signaler les situations les plus critiques, le nécessaire fléchage des approvisionnements vers les entreprises en très grande difficulté. Au niveau national, ce sont des points quotidiens avec les administrations en charge et le cabinet du ministre des Transports pour déverrouiller les situations.

Les transporteurs de carburant travaillent à plein régime. Les temps d’attente des conducteurs devant les dépôts de carburant sont infernaux et les tournées de livraison forcément ralenties.

Mais toutes les bonnes volontés conjuguées n’y suffisent pas. Il est incontestable que si cela ne va pas moins bien, cela ne va pas réellement mieux non plus.

Et même si tous les blocages s’arrêtaient d’un coup, il faudra largement plus d’une semaine pour que la situation revienne à la normale.

Une grande lassitude saisit les professionnels du transport. Deux ans et demi de crise sanitaire, la flambée des prix de l’énergie en début d’année, des perspectives peu réjouissantes sur l’activité à venir. Il y a de quoi décourager les plus optimistes.

Devant ce soudain silence, quelques coups de fil pour s’enquérir de la situation sur le terrain en termes d’approvisionnement carburant. Non ça ne va pas vraiment mieux.

Des camions sont à l’arrêt. Un transporteur qui travaille pour un supermarché est à sec. Son client qui distribue du carburant n’a même pas voulu le dépanner pour faire ses propres livraisons.

Eh bien ! Elles ne seront pas assurées et puis c’est tout. Voilà bien le signe d’un changement d’approche de la part de certains transporteurs pour lesquels le client est généralement toujours roi. A l’impossible, nul n’est tenu. Ça s’appelle un coup de pompe. Généralement, c’est temporaire.

Quoique...

Florence Berthelot

Haut de page