Des jeux …et des pains
3min -On a beaucoup glosé sur l’adjoint à la mairie de Paris qui, interviewé sur une chaine d’informations continues, a avoué ignorer les dates exactes des Jeux Olympiques l’année prochaine. Comme excuse, il a invoqué que sa formation politique avait voté contre l’organisation de cet évènement, pour des raisons environnementales.
C’est bien joli tout ça, mais cet adjoint est tout de même en charge des mobilités à la Mairie, et force est de constater qu’à moins d’un an des J.O., les transporteurs et les déménageurs ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Rues entièrement sacralisées, itinéraires impossibles, horaires particuliers pour livrer, zones inaccessibles, on ne sait pas grand-chose si ce n’est que c’est apparemment le bazar (de l’Hôtel de Ville ?).
On aurait pu se rassurer avec le « test Event » organisé à Paris du 17 au 20 août qui a permis de voir si l’activité de transport de marchandises pouvait continuer en ayant les bonnes informations et les bonnes dérogations. Il n’en fut rien. Les instructions de la Préfecture n’étaient manifestement pas redescendues aux niveaux des forces de l’ordre sur le terrain qui ont interdit des accès qui pourtant avaient été autorisés.
Tant qu’à continuer à s’amuser, évoquons la coupe du monde de rugby qui commence le 8 septembre. Si quelques régions ont fait remonter les interdictions ponctuelles de circuler pour les livraisons à certaines dates, il n’y a aucune information centralisée. On sait par exemple que l’accès à un périmètre autour de la Place de la Concorde sera interdit aux véhicules de transport de marchandises le 8 septembre.
Seulement le 8 septembre ? Non, car si la France se qualifie, ce sera bouclé aussi le 14 septembre puis le 20 septembre, et si elle se qualifie encore, le 27 septembre !
« Mais, dit la Déléguée de la FNTR Ile de France à ses interlocuteurs, cela signifie qu’il faut qu’on suive toute la coupe du monde pour savoir quand on pourra circuler ou pas ? ».
La réponse a été presque oui (authentique). On aime bien le rugby mais pour autant croyez bien qu’on a autre chose à faire qu’à regarder des matchs toute la journée. Déjà qu’il y en a pour penser qu’on ne fait pas grand-chose. Alors…
Car pendant que certains jouent, il y en a d’autres qui bossent. Pour apporter tout ce dont tout le monde a besoin, de la nourriture aux maillots, des produits de nécessité …aux ballons.
Cette difficulté si insensée à appréhender avec un peu d’anticipation les approvisionnements de ces évènements sportifs, tout comme ceux des riverains, est la démonstration absolue que manifestement, au niveau des décideurs, les choses doivent arriver par magie ou téléportation.
On voudrait le prendre avec détachement mais on ne le peut pas. Et si rien n’est fait rapidement, la catastrophe n’est pas loin. On le redoute d’avance parce que c’est forcément notre professionnalisme qui sera mis en cause. Et c’est intolérable.
Avant, on disait que pour satisfaire le peuple, il fallait du pain et des jeux. On aura les jeux mais faisons remarquer pacifiquement qu’en l’état, il y a des coups de pied et des pains qui se perdent.
Positivons : au moins, on sera prêts pour les épreuves de lutte...
Florence Berthelot