Domination

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Domination

« Si nous ne faisons rien, nous allons être dominés ». Cette phrase est celle de l’actuel Premier ministre, François Bayrou. Le contexte : celui de l’investiture de Donald Trump en tant que 47ème Président des États-Unis d’Amérique.
La « politique dominatrice » dont parle le Premier ministre révèle (pour une fois ?) une grande lucidité. Elle se fait « par le dollar, par la politique industrielle, par la captation de la recherche du monde et par la captation des investissements du monde »
Après, la réponse serait l’Europe, l’union et tout le toutim. Ce qui est vrai sur le papier et plus erratique dans la vraie vie. Quant à la fin du propos, cela redevient un peu « gloubiboulga » pour aboutir au commentaire sur une élection locale française. Dommage. Parfois, il faut juste s’arrêter de parler.
Bien que l’élection de Donald Trump suscite les plus grandes passions, son slogan MAGA « Make America Great Again » pourrait laisser croire (à tort) qu’il incarne à lui seul l’impérialisme américain.
Or, c’est bien durant le mandat de Joe Biden qu’a été adopté l’IRA (Inflation Reduction Act) qui, par une approche agressive (subventionner toute entreprise américaine ou étrangère qui produit sur le sol américain avec un prix de l’énergie qui défie toute concurrence au passage) est en train de siphonner l’industrie européenne et notamment la première, l’économie allemande.
C’est bien durant les deux mandats de Barack Obama que l’extraterritorialité du droit américain dès lors que le dollar était utilisé est monté en puissance. Plusieurs grands banques et entreprises françaises s’en souviennent avec douleur pour avoir payé plusieurs centaines voire plusieurs milliards de dollars d’amende.
C’est bien toujours durant ce mandat Obama que la France a trouvé génial de vendre les turbines Arabelle à l’américain Westinghouse pour les racheter l’année dernière le double du prix ?
Les exemples de rachat de fleurons de notre industrie et de nos services par des entreprises américaines sont légion. Et ce serait singulièrement raccourci d’imputer cela à un seul homme.
Un président américain s’occupe d’abord des Américains et des intérêts économiques de son pays. Qu’il soit démocrate ou républicain. Il faut bien connaitre les États-Unis pour réaliser que le citoyen lambda sait à peine où est l’Europe et encore moins la France.
En face, il y a deux réactions possibles : les BRICS, qui montent singulièrement en puissance et représentent aujourd’hui une force économique supérieure au G7, ou l’Union européenne.
Celle-ci a bien du souci à se faire. Seul Mario Draghi a tiré l’alarme sur les mesures urgentes à prendre pour redonner de la compétitivité aux entreprises européennes au premier rang desquelles un prix de l’énergie abordable. Son rapport doit être en train de caler des armoires.
Au lieu de s’atteler à une politique européenne de l’énergie, voilà que les pays membres s’affrontent sur le sujet comme l’Allemagne qui ne veut pas que la France ait un avantage concurrentiel avec le nucléaire. On importe le pétrole de l’Inde (qui l’a acheté aux Russes), et le GNL issu de la fracturation des roches nous est livré, à prix d’or, par… les Américains.
Donc, on veut bien parler d’Europe, de « on est plus forts ensemble » et faire des vœux pieux. Il faut évidemment refuser toute attitude de soumission. Mais il faudrait déjà commencer à agir efficacement ce qui est très loin d’être le cas aujourd’hui et arrêter de rester plantés , les bras ballants.
 
Méfions-nous de la domination. Certains y ont manifestement pris goût….

Florence Berthelot 

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