Efforts de guerre ?

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Efforts de guerre ?

Les réseaux sociaux sont souvent le lieu d’expression de l’émotionnel. Sur tous les sujets. Evidemment la guerre en Ukraine en fait partie. Evidemment, et c’est heureux, un élan de compassion s’est manifesté pour les populations des zones en conflit et des convois humanitaires s’organisent.

Sur le plan politique, des sanctions d’une sévérité inédite ont été adoptées. Notamment au niveau européen. Avec des nuances tout de même en fonction des Etats à l’aune de leur dépendance à l’approvisionnement en gaz et pétrole russes.

De toutes façons, plus ou moins dépendant c’est un premier sujet. Le second c’est que le marché mondial de l’énergie s’est enflammé.

Avec des conséquences très directes pour les particuliers et pour les entreprises, au premier rang desquelles les entreprises de transport. Le prix du gazole livré en cuve monte chaque jour avec brutalité. Presque 35% d’augmentation en une semaine. Certains fournisseurs d’ailleurs refusent carrément de donner un prix pour leurs prochaines livraisons.

C’est intenable et impossible à répercuter sur les clients. Certaines entreprises de transport sont à quelques jours de s’arrêter complètement faute de pouvoir continuer à travailler à perte, voire à mettre purement et simplement la clé sous la porte.

Alors, lorsque certains commentateurs de canapé évoquent l’idée que tout cela serait une contribution à « l’effort de guerre », il est difficile de rester calme.

Primo, et le Président de la République l’a dit lui-même, nous ne sommes pas en guerre contre la Russie.

Secundo, finalement les efforts sont un peu toujours à sens unique. Voilà deux ans, presque jour pour jour que les transporteurs ont démontré qu’ils étaient capables de tout donner y compris dans les pires situations.

Jusqu’à présent, ils en ont été fort peu récompensés. A part se prendre toujours un peu plus de taxes, ou se voir donner des leçons sur la transition énergétique (avec un prix du gaz à + 879% en un an, merci beaucoup), il serait temps de reconnaître que les entreprises de transport ont besoin d’être soutenues pour passer ce cap. Car si le transport s’arrête, tout s’arrête.

On entend parler de « résilience », d’un « plan de résilience ». Les lecteurs de ces éditos savent que le prochain qui évoque ce mot - qui concerne toujours les autres et rarement soi-même - risque de ne pas avoir le temps de finir sa phrase (au risque d’avoir un malencontreux accident).

Des idées circulent, toujours sur les mêmes réseaux sociaux. Est-ce que baisser la température du chauffage de 1° permettrait de nous rendre moins dépendants de nos importations ? De même, en réduisant la vitesse limite de 20km/h ?

Mieux : et si on mettait un pull ? Ben voyons !

Mauvais signaux. Car si cela sous-entend qu’il va falloir faire autant avec moins, ou moins avec beaucoup moins, cela ne va pas fonctionner. Et en plus ces mesurettes ne sont absolument pas à la hauteur de ce qu’il faudrait vraiment faire. Ceux qui disent l’inverse se fourvoient car l’expression « Efforts de guerre » veut toujours dire « sacrifices ».

Est-ce que tout le monde (et nous disons bien : vraiment tout le monde) y est prêt ?

Florence Berthelot

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