Energies durable...ment chères

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Energies durable...ment chères

Au-delà de la flambée du coût des énergies due conjoncturellement à la guerre en Ukraine, il est bon de rappeler qu’avant même le début du conflit, on assistait déjà à une inflation des coûts du transport et notamment du gazole et du gaz. N’oublions pas au passage, l’AdBlue (urée) indispensable pour faire rouler les camions, et dont le prix dépend étroitement du gaz, indispensable à sa production.

Quelles que soient les raisons, cette situation était aussi prévisible que prévue. Voilà des années que l’on sait que la transition énergétique, le basculement des énergies fossiles vers des énergies renouvelables et plus propres auraient un coût et que ce coût devrait être partagé par tous : transporteurs, clients, consommateurs, Etats.

Sans doute, imaginait-on que la courbe progresserait plus lentement mais inexorablement. Les tensions actuelles sur le marché international ont accéléré les choses.

Il y a fort à parier que si elles devaient s’apaiser vite -ce que tout le monde souhaite- l’énergie resterait à des niveaux élevés. D’ailleurs dans ses projections macro-économiques de mars, la Banque de France a élaboré deux hypothèses : un scenario conventionnel et un scenario dégradé. Dans ce dernier, les coûts de l’énergie (pétrole et gaz) grimperaient encore jusqu’à 2024.

Les énergies alternatives au diesel ne sont pas plus à la fête car pour la plupart indexées à d’autres énergies qui flambent.

Il est indispensable d’aider les entreprises de transport pour absorber ce choc. Mais chacun sait qu’ensuite, il est tout aussi indispensable que ces coûts doivent être répercutés sur les clients. Qui eux-mêmes connaissent une inflation des coûts et rechignent. Les discussions sont dures.

Quand en 2005, la FNTR avait œuvré pour intégrer dans la loi, un mécanisme d’indexation des contrats de transport sur la variation des coûts du carburant, il ne faut pas croire que toute la Profession avait accueilli la mesure avec enthousiasme. Certains avaient parlé alors d’économie « soviétisée ». Le terme prend aujourd’hui une coloration particulière…

Le mécanisme mérite d’être ré-évalué et sans doute perfectionné. On n’arrive pas forcément à répercuter à bonne date et à bon niveau. Sur les transports « spot », il n’est pas forcément réellement mis en place. Mais ce mécanisme existe. Nombre de collègues européens ou encore d’autres secteurs d’activité dans notre pays nous l’envient. Il nous appartient de s’emparer, de l’appliquer car c’est réellement une question de survie.

Il ne s’agit pas d’un « privilège » pour les entreprises de transport. De quel privilège pourrait-on parler alors que les marges sont si faibles dans notre secteur d’activité ? C’est surtout parce que dès aujourd’hui et encore plus demain, il faudra bien intégrer au-delà du transport, dans notre mode de vie, dans notre façon de consommer que tout va coûter plus cher et notamment parce que toutes les sources d’énergie vont être notablement plus coûteuses.

Cette transition va probablement être compliquée socialement et économiquement. Mais c’est sans doute pour cela qu’on appelle une facture la « douloureuse ».

Florence Berthelot

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