Faites de la Nature
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Entre deux tours électoraux, les candidats rivalisent d’idées sur l’écologie. Bonnes ou moins pertinentes. Ainsi, mettre la planification écologique sous l’égide de Matignon n’est pas absurde. Ce sujet traverse tous les Ministères, autant que cela soit coordonné par le premier d’entre eux.
Cela dit, cela vaudrait pour bien d’autres sujets.
Plus étonnante est l’annonce de la création d’une « fête de la Nature ». Cela a un petit côté fêtes de l’Antiquité : lupercales, saturnales et (plus connues encore) bacchanales (où durant plusieurs jours, on fêtait Bacchus, Dieu de la Vigne et du vin. Le genre de fête qui commence toujours joyeusement mais finit moins bien).
Fêter la Nature une fois par an… On pourrait redouter que cela devienne comme la journée de la Femme (le 8 mars). On célèbre une fois et on l’oublie tous les autres jours de l’année. Admettons que cela ne peut pas faire de mal.
Le hic, c’est que cela existe déjà et depuis longtemps. Il y a même un site internet dédié. L’objectif est de permettre à tous les publics ( ?) « d’être en contact direct avec la Nature pour la découvrir ou la redécouvrir ».
Cela laisse un peu songeur : c’est manifestement dédié à des urbains car dès lors que vous êtes en milieu rural…
La prochaine fête de la Nature est prévue du 18 ou 22 mai 2022. En région parisienne, il est dit que « cet événement permet aux petits comme aux grands de découvrir la faune et la flore à travers divers manifestations, jeux ou spectacles ». On souligne que c’est gratuit (encore heureux, il ne manquerait plus que ça : faire payer pour sentir une fleur ou voir voler un papillon…).
Tout cela est absolument charmant, et en plus l’annonce tombait à point à la veille de Pâques, où parmi les traditions figure celle de chercher les œufs en chocolat dans les jardins.
Néanmoins, comment dire ? Faire de la re-création d’un tel évènement la preuve qu’on est dans une démarche écologique relève quand même un peu du gadget.
Si l’on voulait vraiment sensibiliser le plus grand nombre sur le fait que nos modes de vies et de consommation sont mortifères pour l’environnement alors ce sont d’autres découvertes qu’il faudrait organiser.
Certes, ce serait moins glamour et bucolique de visiter des déchetteries, des centres de traitement des eaux, de tenter de visualiser nos consommations d’énergie et nos émissions du fait de l’utilisation de nos transports, smartphones, ordinateurs, télévisions, etc…
La vérité c’est que personne ne veut voir cela : on préfère les pâquerettes et les hirondelles. Mais le mal principal de la politique écologique est justement ce regard détourné, et l’idée qu’il y a encore quelque chose à fêter.
Rassurons-nous, un embargo sur gaz, pétrole et charbon russes règlera tout.
Nous irons couper du bois.
S’il en reste.
Florence Berthelot