Gratte-moi la puce… 

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Gratte-moi la puce… 

 

Mesdames et Messieurs, l’Europe a déjà ébloui le monde entier grâce au  « bouchon attaché à la bouteille », innovation internationalement saluée. Voilà que la France embraye : bientôt en bas de chez vous… la poubelle à puce. 

Dis comme ça, on pourrait se dire que c’est normal que l’on puisse trouver dans les poubelles, des puces et autres nuisibles. 

Non, non, non, on parle bien de puce électronique. 

On apprend ainsi que les poubelles à puce deviennent obligatoires cette année. Pour quoi faire ? Pour inciter les Français à moins jeter. Cela vient de la loi « Climat et résilience », la même qui a inventé les écotaxes régionales pour le transport routier de marchandises, et la suppression de la ristourne TICPE à horizon 2030. Chaque mois, on découvre une disposition de plus de cette loi manifestement votée par des parlementaires euphoriques. (grâce à quelle(s) substance(s), on ne le sait pas) 

Avec ces bacs équipés de RFID comprenant un identifiant spécifique lié au logement, il s’agit de suivre et d'analyser la fréquence des collectes.  

Le but est de réunir des données sur le poids des déchets et le nombre de fois où la poubelle est vidée. 

Car évidemment s’ensuit une conséquence de taille : au-delà d’un nombre de collectes, cela coûtera de l’argent aux ménages sous forme d’une augmentation la taxe de ramassage. Taxe qui peut être elle-même majorée… au-delà du 27ème passage du camion dédié. 

La France est un pays formidable où la technologie est vraiment utilisée de manière moderne, progressiste et sociale. 

On rigole, on rigole, mais on connait certaines villes où il n’y a carrément plus de collecte et les habitants errent de poubelles publiques en poubelles publiques pour jeter leurs déchets (en ayant fait le tri s’il vous plaît). Mais ils paient quand même la taxe afférente. 

En réalité, avec ces poubelles dites intelligentes, sous couvert de réduire le nombre de déchets, on va faire comme d’habitude : on va truquer les statistiques.  

En apparence, on va réduire le nombre de kilos collectés. Mais d’ores et déjà, les déchetteries sauvages se multiplient.  

De guerre lasse, les gens jettent n’importe quoi n’importe où. (Marcher un peu dans Paris et vous aurez tout compris.) 

Comme d’habitude, on punit par l’argent, le fait qu’il y ait des ordures. Aucune réflexion minimale sur le fait que tout cela s’inscrit dans une chaîne comprenant la gestion des emballages en amont et la valorisation des déchets en aval. Moralité, cette génialissime idée aboutit à cette résistance passive -certes peu civile - de l’usager qui devient un pollueur aggravé. 

Soit l’exact contraire de l’effet recherché. 

Y a pas à dire. L’écologie avec des innovations pareilles, c’est comme la puce.  

On l’a dans... le dos. 

Florence Berthelot 

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