Haute tension (ou pas)
3min -On n’a jamais autant entendu parler de la « rentrée » qu’avant les vacances. Comme une litanie, chacun se répétait : « On verra en septembre… On verra en septembre ». Voilà que septembre est là et c’est comme être au pied du mur.
Tout l’été, une petite musique anxiogène flottait dans l’air. Inflation, approvisionnement en énergies, prévisions pour l’hiver. Sans parler des tensions sociales qui accompagnent ces inquiétudes sur le pouvoir d’achat, la hausse des salaires, et les difficultés de recrutement.
Ce n’est pas parce que certains ont cherché à se mettre la tête dans le sable au bord de la plage que les difficultés n’existent pas. Et ce n’est pas non plus l’optimisme de ceux qui voient l’opportunité de faire une transition énergétique accélérée qui pourrait donner du baume au cœur.
En clair, ça chauffe alors qu’on va peut-être avoir du mal à se chauffer. Ou encore à circuler, ou encore à produire. La Première Ministre appelle les entreprises à établir des « plans de sobriété ». Sans doute parce que nous étions ivres d’abondance ?
Et même si par hasard, on ne devait pas avoir de pénuries, il est incontestable qu’il va falloir y mettre le prix.
Dans d’autres pays européens, les cartes sont sur table. La facture d’électricité est salée et des mouvements de grogne se font jour. En France, le Gouvernement a pris des mesures conséquentes pour limiter les hausses des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité, et la hausse du prix des carburants. En tant que particulier, on ne peut que s’en féliciter.
En tant que professionnel aussi sur certains aspects. Mais le gaz qui va dans les véhicules GNV, ou l’AdBlue (fabriqué à partir de gaz) qui va dans les moteurs diesel ne sont pas encadrés. Pour les entreprises de transport, les coûts grimpent, grimpent et certains ont laissé au garage les véhicules au gaz.
Il est à parier que lorsque les négociations tarifaires vont commencer avec les clients, ces derniers ne vont pas être à la fête.
Pendant ce temps-là, en France et en Europe, on continuera à parler avec conviction de la décarbonation du transport, voire du recours accru à l’énergie électrique. Espérons que la réalité qui se fait jour en ce moment éclairera les esprits, à l’heure où des centrales nucléaires sont à l’arrêt et où on rouvre des centrales à charbon.
On ne peut pas aller plus vite que la musique et surtout, tout cela va coûter extrêmement cher et aucun acteur ne pourra seul assumer cet effort économique.
Toute la question sera de savoir où se situera exactement la limite de l’acceptabilité sociale d’une telle situation.
A voir les kilomètres d’embouteillage sur les routes en juillet et en août, peut-être qu’on se fait du mouron pour rien. Ou pas.
Florence Berthelot