Instruments d’optique

Un internaute souligne qu’en ce moment « On regarde les problèmes avec une loupe, et les solutions avec un microscope ». La formule est parfaitement adaptée à la situation sanitaire et au contexte scientifique (enfin pas que scientifique…). L’utilisation conjointe et simultanée des deux instruments d’optique aboutirait-elle à une illusion du même nom ? On peut se le demander. Tout instrument doit être précis, et nécessite de nombreux réglages. En l’occurrence, là, on se sert d’un tournevis. Et on serre et on serre. Prenons garde : tout bricoleur sait qu’à trop visser, on casse le pas et on finit par tourner dans le vide. Il manque certainement une vision un peu plus globale. Chaque semaine voit son lot de restrictions supplémentaires… qui créent d’autres problèmes ! On l’a vu avec les librairies et les commerces de produits non essentiels. On le voit désormais avec les points de restauration des conducteurs routiers. Le problème c’est qu’avec soit une loupe, soit un microscope, on ne peut jamais voir le tableau dans son ensemble. Et chacun sait que pour bien contempler un tableau, il faut prendre du recul. Or, aujourd’hui, et notamment pour le transport routier, on aborde les difficultés une par une, au jour le jour. Il manque le postulat de départ. Qui est celui-ci : cette activité est indispensable à l’économie et au quotidien des citoyens. A partir de là, tout devrait en découler. Conditions dignes de travail des conducteurs, accueil respectueux chez les clients, continuité de toutes les formations, prolongement d’échéances réglementaires, liberté de circuler y compris un jour férié. La liste est longue. Or, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour constater que ce n’est pas le cas. Les administrations font souvent tout ce qu’elles peuvent pour tenter d’apporter des réponses au fur et à mesure. Mais l’affirmation de départ -de nature véritablement politique- n’y étant pas, les obstacles se multiplient. On bouche les fissures d’une piscine avec du chewing-gum. Tout est question de point de vue. A considérer les situations avec le mauvais côté de la lorgnette, il ne faut pas s’étonner d’y voir flou.

Florence Berthelot