La cuisson des pâtes
3min -Le saviez-vous ? Contrairement aux idées reçues, regarder la casserole fixement n’accélère pas l’ébullition de l’eau.
On en apprend tous les jours quand même. Combien de temps avons-nous perdu à attendre de longues minutes en guettant que les bulles se forment dans l’ustensile pour enfin y jeter nos pâtes ?
Remarquez, c’est pareil pour le lait. On attend que ça bout. On attend, planté devant la table de cuisson. Comme un fait exprès il ne se passe rien. C’est interminable. Les lois de la physique semblent se moquer de nous. Puis, pour quelques raisons, notre attention est attirée ailleurs. Et c’est la catastrophe. Parce qu’évidemment, c’est précisément à ce moment-là, que par une facétie de l’espace-temps, ça part d’un coup et tout déborde.
Et il faut tout recommencer.
Allégorie, allégorie. Cette situation que tout le monde connait est transposable tant dans le domaine économique que social. On a beau être un observateur avisé, c’est justement quand on regarde ailleurs, même quelques instants, que ce qui devait arriver… arrive.
Notre attention est portée sur plusieurs sujets : entre la guerre en Ukraine, les élections présidentielles et législatives, les alliances et désalliances des partis politiques, jusqu’à même des affaires de lingerie achetée sur des fonds publics, on en viendrait à ne plus penser à ce qui sourd.
Une inflation qui dépasse 5% et qui risque encore de flamber, une croissance nulle au premier trimestre 2022, 80% des branches dont les minima conventionnels sont rattrapés par la hausse du SMIC au 1er mai (heureusement pour une fois le TRM avait su anticiper), des pénuries qui s’aggravent dans l’alimentaire et l’industrie, un marché du travail complètement déboussolé par la crise sanitaire, une dette publique pharaonique, la remontée des taux d’intérêt. Tous les éléments sont réunis pour un profond bouleversement dans les mois à venir.
Il parait que nos concitoyens se ruent pour réserver leurs vacances d’été. Tout est plein dans de nombreux sites touristiques. Comme si, par une étrange conjuration, on remettait à plus tard, à la « rentrée » de septembre, la gestion de trop de problèmes accumulés. Pas certain que tous ces facteurs ne provoquent pas, bien plus vite qu’on ne pense, une ébullition soudaine.
Il serait pourtant judicieux de déterminer une stratégie, de préparer chacun de manière lucide et posée au fait que rien ne sera plus comme avant. A dire vrai, on ne voit rien de tel dans les « programmes politiques » où on s’égare sur des questions sociétales, sans voir l’ébauche de mesures visant à traiter les difficultés à la racine.
Tenons-nous prêt. L’eau va déborder à un moment donné. Prenons garde à ce qu’il ne soit pas trop tard quand cela va se produire.
Car alors, pour les pâtes, on ne le sait pas mais il est probable que les carottes seront cuites.
Florence Berthelot