Le DOGE (mais pas de Venise)

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En France, on est tout de même super forts. Dans les débats budgétaires, on balance entre la création d’une taxe sur les chiens à la suppression d’un deuxième jour férié. C’est fantastique les questions que l’on arrive à se poser : préférez-vous que l’’on supprime le 11 novembre ou une autre date ? En gros, qu’est-ce que l’on va arrêter de célébrer ? En plus, les poilus de la Grande Guerre ont tous disparu.

Pendant ce temps, aux États-Unis, Elon Musk vient d’être nommé à la tête du D.O.G.E. Loin de Venise, cet acronyme - qui signifie Department of Government Efficiency (Département de l’efficacité gouvernementale) est une énorme allusion à la cryptomonnaie qu’il a lancé.

Mais c’est aussi une promesse de campagne électorale : sabrer dans les dépenses publiques comme le fait un cost killer dans une entreprise privée. Dans le transport, on les connait bien, ce sont ceux qui commencent toujours la négociation tarifaire annuelle à -5% (ou plus) juste en amuse-bouche.

L’homme d’affaires, fondateur notamment de Tesla et de SpaceX, explique : « Il y a 428 agences fédérales. Il y en a tellement que les gens n’en ont jamais entendu parler. Je pense que nous devrions nous en sortir avec 99 agences »

D’où la question : au fait, il y en a combien de ces agences en France ? On entend tout et n’importe quoi, entre 1 200 (en y rajoutant les opérateurs publics) à moins de 400, le consensus tourne autour du chiffre 443. 443 agences et comités (perfidement appelés comités Théodule ; ce n’est pas gentil).

C’est singulier que nous ayons plus d’agences que les États-Unis qui comptent 5 fois plus d’habitants que nous.

Le débat est donc ouvert. Le ministre Kasbarian s’enthousiasme en indiquant qu’il avait hâte de partager « les bonnes pratiques ».

Cela rappelle un dirigeant très controversé à savoir, Javier Milei, le président argentin. Ce dirigeant ne donne généralement pas dans la dentelle. Il a ainsi récemment supprimé une agence publique en laissant 3 000 salariés sur le carreau. Dans une vidéo devenue virale, on le voit arracher des autocollants sur un tableau et réduire ainsi le nombre de ministères de 18 à… 9.

Évidemment, dans l’actuel gouvernement français qui affiche 41 ministres et secrétaires d’État, c’est tout bonnement inenvisageable. C’est sûr, l’enthousiasme du ministre en charge de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique, serait peut-être stoppé net dans ses élans.

Alors, oui, pour certains, l’argument serait facile, voire populiste, car ce ne serait pas cela qui permettrait de faire des économies. Pourtant, cela fait partie des dépenses publiques et il serait quand même souhaitable, ne serait-ce que pour l’exemplarité, de montrer que l’on procède à un audit de ce qui est efficace ou non. À condition naturellement de ne pas faire appel à un cabinet de conseil pour faire cet audit…

Vérité outre-Atlantique, c’est comme vérité outre-Pyrénées, cela ne marche pas forcément chez nous.

D’ailleurs, s’il fallait un pendant français au DOGE, il faudrait créer le département de l’efficacité gouvernementale. Dont l’acronyme serait le… DEG.

Vu comme ça, ça ne fait pas forcément envie.

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