Le génie de la lampe
2min -Dans un épisode d’une célèbre série, un Djinn (génie) sous la forme d’une très belle femme sortie d’une lampe à huile, s’agace de devoir, depuis des centaines d’années, réaliser les vœux futiles des humains. Immortalité, fortune, séduction, voire invisibilité (?), la réalisation de tous ces désirs ne donne (dans une logique très morale) que malheurs et chagrins. Elle, elle ne rêve que d'une chose, ne plus être un génie, prisonnière pour l’éternité de la tâche d’exaucer des vœux peu réfléchis. Et la seule façon d’y parvenir est de lui demander ce qu’elle souhaite pour elle-même. Sa réponse est « je souhaite m'assoir à une terrasse, boire un bon café, et regarder passer le monde ». Ce qui adviendra. Mais cette fable transposée aujourd'hui prendrait un sens tout particulier. Nous avons bien pris conscience que nous n’irons plus en terrasse pour un long moment. Nous verrons passer peu de monde et chacun portera un masque. Nous respecterons pendant des mois la fameuse « distanciation sociale ». Ces perspectives distillées par nos gouvernants plombent le moral des populations. Les déplacements resteront sous contrôles et nul ne sait si, dans l’hypothèse où il y aurait des vacances, il y aura un accès à la mer. Dans tous les schémas de relance envisagés, on utilise plus la boule de cristal que la lampe à huile. On parle d’épargne à dépenser, de consommation, de reprise lente. On a un peu tendance à oublier la psychologie des êtres humains. Si les contraintes du confinement pourraient se traduire, en sortie, par l’enthousiasme de revivre un peu « normalement », de nombreux espoirs apparaissent douchés. Essayez de formuler trois vœux pour voir. Et considérez comme ils seraient réalisables avec les fameux gestes barrières…. Oui il est urgent de retrouver une activité économique soutenue, mais pour cela il faut donner un peu plus d’espoir (tout en gardant raison), et ne pas se contenter de demander patience et longueur de temps. Ce qui ressort de tout cela, c’est que nous avons besoin les uns des autres. Nous avons besoin de nous voir autrement que par écrans interposés lors « d’apéros-visio », nous avons besoin de nous parler face à face et pas par téléphone. On a le sentiment que nous avons besoin d’autre chose que ce que l’on nous concocte. Il va falloir trouver des solutions. Les vœux que nous ferons face au génie de la lampe seront peut-être plus sensés et sages qu’ils ne l’auront jamais été, et pourtant plus difficiles que jamais à exaucer.