Les calculs ne sont pas bons (Kevin)

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En écoutant les interventions publiques, que ce soit le discours de politique générale du Premier ministre ou d’économistes réputés, on ne peut que demeurer perplexe sur l’ampleur du déficit budgétaire, de la dérive des dépenses publiques au niveau national ou des collectivités locales, sur le dérapage des dépenses. En 2024, on anticipait un déficit de 4,4 %, qui est passé à 5,1, puis 5,4%. Maintenant, on parle de 6 voire de 7%. Faites vos jeux ! Rien ne va plus.

Le Premier ministre ne masque pas son inquiétude devant la gravité de la situation. Le plus extraordinaire, c’est que personne ne sait exactement pourquoi c’est parti en vrille. La vérité c’est que l’on le sait mais on ne veut pas le dire.

Dans ces colonnes, cela fait des mois que l’on en parle. 3 000 milliards de dettes puis 3 100 milliards et aujourd’hui 3 280 milliards. Cela donne le tournis.

À force d’être endetté jusqu’à plus soif, un des principaux postes de dépense est ce que l’on appelle le « service » de la dette à savoir son remboursement, ou plutôt le remboursement des seuls intérêts (car en fait la dette ne sera manifestement jamais remboursée). Ce seul poste finit par dépasser le budget de l’Éducation nationale ou de la Défense.

Si on gérait nos entreprises comme est géré l’État, cela ferait longtemps que l’on serait à la barre du tribunal.

Mais bon, on nous dit qu’un État ce n’est pas pareil parce qu’il a un patrimoine solide et la capacité de lever toujours plus d’impôts. En fait, il faut surtout arrêter la drogue et la dette en est une, très dure de surcroît. La loi de finances sera dévoilée la semaine prochaine sur fond d’insincérité de la précédente. Le lecteur se référera utilement à la conférence de presse de la commission des finances du Sénat du mois de juin (passée totalement inaperçue pour cause de campagne électorale).

N’en doutons pas, en ce qui concerne les impôts, taxes ou contributions diverses cela ne va pas louper : si la main sur le cœur, on promet que l’on va réduire les dépenses, on annonce surtout qu’il va falloir augmenter toutes sortes d’impôts mais temporairement et sur les plus riches.  

Le temporaire, merci bien, on connaît. On se souvient de la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) qui devait s’achever en 2009 et demeurera éternellement. Quant à la chansonnette « les plus riches paieront », on parie que beaucoup vont découvrir soudainement qu’ils ont gagné au loto. Car les personnes physiques et morales les plus fortunées sont fiscalement domiciliées… ailleurs.

Quant à la réduction des dépenses, on verra bien plus tard. Le plus urgent, là, maintenant, est de trouver des sous.

Cela fait penser à cette humoriste qui, il y a quelques années, dans une vidéo virale s’emportait contre son compagnon avec cette phrase « Les calculs ne sont pas bons Kevin ! ». Elle voulait juste aller dans un restaurant et lui ne trouvait rien d’autre que de proposer… un fast-food.

Et détaillant tout ce qu’elle avait acheté pour se faire belle, elle formule sa revendication « je veux des paillettes dans ma vie ! ».

Manifestement dans notre pays, d’aucuns croient qu’ils ont laissé, comme héritage, des paillettes et de quoi aller dans un bon restaurant.

Mais les calculs ne sont pas bons Kevin. On ne pourra prétendre qu’à un maigre sandwich.

Et encore… Ce n’est même pas certain.

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