Les murs porteurs
2min -Bertrand Castex était une de ces personnalités du transport dont on parlait sans doute peu mais dont la contribution au secteur fut immense.
Après un début de carrière dans la marine marchande, il entra chez Calberson et son parcours le mena ensuite dans la formation, tant en tant qu’enseignant et qu’en tant qu’administrateur, de l’Université à l’Institut du Marketing et bien entendu de l’Ecole Supérieure des Transports auquel son nom est depuis indéfectiblement attaché.
Bertrand était le genre de personnes rares dont on se demandait si ses journées étaient réellement constituées de 24 heures. Toujours un projet en tête, fourmillant d’idées, il a marqué de son empreinte le parcours d’un nombre incalculable d’actuels managers du transport et de la logistique. Actif dans toutes les amicales d’anciens élèves, toujours prêt à aider, à créer des synergies, il a accompagné chaque jeune étudiant comme s’il était de leur famille.
Il adorait la jeunesse, qui le lui rendait bien. Cela lui a toujours conféré cette fraîcheur d’esprit et ce caractère entreprenant qui le caractérisaient.
Je l’ai rencontré voilà vingt ans à l’E.S.T. Je prenais la suite, en tant qu’enseignante de Jean-Claude Berthod, sur la réglementation du transport routier de marchandises. Je n’avais jamais donné un cours de ma vie. Il m’a accueilli avec bienveillance et me fit depuis l’honneur de son amitié.
Depuis, nous aimions nous retrouver, au moins deux fois par an, lors de déjeuners où il prenait son calepin, notait ce que nos conversations lui inspiraient, élaborait des projets qu’il finissait toujours à mener à bien avec rigueur et exigence. Et avec toujours, ce qui ne gâchait rien, une bouteille d’excellent vin sur la table.
Il lisait tout ce qui passait, commentait les articles sur les réseaux sociaux, pilotait la Newsletter de l’Ecole, formulait des recommandations pour soutenir un élève.
Il avait surmonté de gros problèmes de santé, et un accident de voiture qui aurait tué n’importe qui d’autre. Il parlait de tout ça en souriant, avec détachement, comme si ce n’était pas important pour embrayer immédiatement sur le sort du mémoire d’un étudiant ou des actions de l’AETL dont il était un des ambassadeurs.
Durant la crise sanitaire, nous correspondions en se promettant de se retrouver dans un restaurant dès la réouverture. En 2021. Mais cela n’arrivera pas
Il y a des gens qu’on croit éternels. Des piliers, des murs porteurs. Mais les murs s’écroulent aussi. A notre grand désarroi.
Mon cher Bertrand, tu ne liras pas cet édito-là. Tu ne me feras pas connaitre ton opinion toujours pertinente. J’ai à peine osé l’écrire en me demandant si les mots pouvaient être à la hauteur de ce que tu fus et de ce que tu fis, pour moi et pour tant d’autres.
Je ne peux que terminer de la façon dont tu terminais tes missives :
Avec ma sincère estime et ma toujours fidèle amitié.
Florence Berthelot