Les « sans ciel » et l’essentiel
2min -Le confinement ne pourra être pas vécu de la même façon selon qu’on vit dans une maison avec jardin ou qu’on se trouve en appartement, en studio ou en studette. Notamment en ville, on est souvent « sans ciel ». Et il va falloir tenir comme ça 15 jours, 30 jours ou plus. A garder en tête quand les polémiques jaillissent autour des promeneurs isolés, ou des marchés alimentaires. A garder en tête aussi après avoir assisté à des scènes surréalistes sur les routes le mardi 17 mars. Les forces de l’ordre (mal informées) arrêtent les camions, voire verbalisent les conducteurs routiers au motif qu’ils ne transportent pas des marchandises « essentielles » (comprenez alimentaire ou matériel médical). C’est bien peu connaître les besoins des entreprises et des citoyens. On a besoin de tout. Oui, c’est important de transporter des fertilisants pour l’agriculture, des palettes ou des emballages cartonnées, et des élastiques (pour les masques), du détergent et tant d’autres choses ! Ce n’est que le mercredi dans l’après-midi qu’il y a eu un message officiel pour souligner que tous les camions circulent librement quelle que soit la marchandise transportée. D’abord, parce qu’on nous rappelle que l’économie ne peut s’arrêter. Sur ce point, notons que la réalité est que tout le monde a tellement peur que de moins en moins de personnes veulent venir travailler même dans les entreprises et commerces qui restent ouverts. Cela va devenir problématique. Mais surtout, tous ceux qui restent chez eux ne vont pas longtemps supporter de ne pouvoir que manger et regarder Netflix. Ils voudront lire, ils commanderont des livres. Ils voudront vaquer à des travaux manuels, du bricolage, s’occuper avec leurs enfants. Il va toujours leur manquer quelque chose. Et inévitablement ils se tourneront sur ce qui reste : l’achat en ligne. Les donneurs de leçon qui parlent des vertus de l’ennui, et de la nécessité de retourner à l’essentiel parlent bien vite. Il va falloir tenir dans la durée. C’est ce que font les personnels du transport et de la logistique. Ils sont là. Ils tiennent bon. Il faut le rappeler sans cesse et sans cesse. Sans le transport routier, le pays s’arrête. Dès lors, merci de ne pas l’oublier. A 20h, on se joindra à l’hommage à tous nos soignants qui se battent pour notre santé. Mais pensons aussi aux transporteurs et à leurs personnels qui se donnent à fond pour livrer tout ce dont nous avons besoin (et pas que de la nourriture !). Offrons des conditions d’accueil et d’hygiène décentes à nos conducteurs sur la route, et dans les entreprises clientes. Offrons-leur aussi du gel, des gants, et protégeons leur santé. Parmi les choses essentielles dont nous avons besoin, il y a aussi le respect.
Florence Berthelot