The new normal*
2min -Je ne sais pas vous mais franchement ces derniers jours on ne peut plus regarder les nouvelles sans se demander si on n’a pas basculé dans une réalité parallèle. Déjà voir ces étals entiers de supermarchés bâchés, car remplis de produits dits « non essentiels », au motif que cela fait de la concurrence déloyale aux petits commerces fermés, ça laisse pantois. Ça a un petit côté « T’en veux ? Tu n’en auras pas parce que c’est interdit ! Va acheter tes carottes ! ». Et finalement c’est le e-commerce qui va engranger les bénéfices. Dans le même ordre d’idée, c’est l’injonction de ne pas acheter sur les plateformes internet pour… ne pas léser le commerçant du coin qui n’a pas le droit d’ouvrir. Vous pouvez répéter ? Pas mieux pour la proposition de certains députés de finalement rouvrir les boutiques… mais en interdisant aux clients d’y aller plus d’une fois par semaine. Quelqu’un d’autre a une idée de génie ? N’hésitez pas, en ce moment, c’est en promo : « deux achetées, une offerte » ! Les débats sont d’ailleurs assez vifs à l’Assemblée Nationale où cela se finit par des aberrations comme un ministre un peu énervé qui demande à une députée de… sortir de l’Hémicycle. C’est bizarre, non ? Cette dame a bien été élue pour y être ? Le tout pour des raisons sanitaires. Vraiment ? Cela donne singulièrement l’impression qu’on épluche autant le Code de commerce que le Code de la Santé Publique. En attendant, le commerce souffre. Et par incidence, le transport va souffrir aussi car n’oublions jamais que « si vous l’avez c’est qu’un camion vous l’a apporté », dans un magasin, ou chez vous (si vous avez décidé de ne pas respecter l’ordre donné de pas commander sur Internet, petit galopin). Si on en revient à l’origine de tout cela, à savoir préserver nos soignants et ne pas engorger les hôpitaux, on s’en tiendra à la prescription du Premier Ministre : « si vous ne voulez pas embouteiller les hôpitaux, le meilleur moyen, c’est de ne pas tomber malade »)… (silence perplexe)… Heu... (re-silence perplexe). On doit être en train de rêver, ou plutôt de cauchemarder. En attendant, on bataille pour que les conducteurs routiers disposent de lieux de restauration ouverts où ils peuvent manger un plat chaud à table. Mais c’est compliqué parce qu’apparemment si on ouvre les relais routiers, « des gens qui ne sont pas conducteurs seraient tentés de venir aussi ». Quand est-ce que le réveil sonne ?
*La nouvelle normalité
Florence Berthelot