Paris est une fête ?
3min -Dans les années 50, le grand écrivain américain Ernest Hemingway retrouva une malle qui contenait des notes oubliées. De ces notes naquit un livre, publié de manière posthume qui s’appelait « Paris est une fête ». C’était le Paris des années 20 (1920...), rendez-vous des artistes et des amoureux du monde entier, lieu de la douceur de vivre avec peu d’argent, et dont l’écho nostalgique résonne encore aujourd’hui dans l’imaginaire des anglo-saxons.
« Nous mangions bien et pour pas cher, nous buvions bien et pour pas cher, et nous dormions bien, et au chaud, ensemble, et nous nous aimions ».
So romantic…
Mais pour les Parisiens, cette image date. Elle est très loin du Paris d’aujourd’hui. On ne s’attardera pas sur des « votations » contre les SUV avec 94% d’abstention. Ni sur les rats (pardon les surmulots), ni sur les travaux incessants, et les lubies de la Mairie de fermer de plus en plus de voiries aux voitures, ni malheureusement ces commerces qui, un peu plus chaque jour, baissent le rideau.
Non on ne s’y attardera pas car c’est beaucoup trop facile en fait.
On considèrera plutôt avec inquiétude ce qui va se passer au moment des Jeux Olympiques. Déjà, on redoute de voir tout le conseil municipal en maillot de bain se baigner dans la Seine. On a des doutes sur la salubrité de l’eau mais si on pouvait s’épargner certaines images, ce serait mieux.
La presse se fait désormais l’écho du fait que la grande parade navale qui devait avoir lieu sur le fleuve ne pourrait peut-être se tenir. Ah…. Mais rassurons-nous, « il y a un plan B » (espérons qu’il ne soit pas comme le RER du même nom).
De toutes façons, il faut que tout le monde soit en télétravail. Parce que les transports en commun sont déjà assez saturés comme ça. Alors avec le flot de touristes en plus, une seule solution « Restez chez vous » (ça nous rappelle désagréablement quelque chose...)
Et si vous devez vous déplacer dans certaines zones, il faudra vous inscrire sur une plate-forme et présenter un QR code (ça nous rappelle etc…)
Bon, dans le transport, on ne peut pas franchement télétravailler. Qu’à cela ne tienne, injonction est faite aux particuliers de ne pas se faire livrer des colis durant les Jeux. Voire de ne pas déménager. Quant aux magasins, ils seront ouverts le dimanche mais les plans de circulation pour le transport de marchandises ne sont pas totalement clairs à ce jour.
Les matières dangereuses ? Elles sont quasiment bannies. Qu’importe qu’il s’agisse d’oxygène pour les hôpitaux ou de chlore pour les piscines.
Alors ? Ce ne devait pas être une fête ? Une fête populaire ? Une période de réjouissance bienvenue dans toute cette morosité ambiante ?
Sans jouer les Cassandre, on a quand même bien le pressentiment que c’est mal parti.
Peut-être alors que tout le monde verra ce que ceux qui connaissent Paris depuis leur naissance éprouvent de plus en plus : un sentiment d’immense gâchis.
Bien loin de ce qu’en disait Hemingway :
« Tel était le Paris de notre jeunesse[…]. Paris valait toujours la peine, et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez ».
Florence Berthelot