Président d’Honneur
2min -On avait une blague entre nous. Il y a plusieurs années, alors que René Petit achevait son mandat de Président de la Fédération, je lui avais dit : « Monsieur Petit, j’ai rêvé de vous ». Son œil pétilla alors de cette petite lueur malicieuse. Et j’ajoutai : « Dans mon cauchemar, vous étiez furieux après moi car vous considériez que j’avais, j’ignore comment, ‘déshonoré’ la FNTR ». Or, tout le monde sait que René Petit se mettait rarement en colère et n’élevait -presque- jamais la voix. D’ailleurs, il n’en avait pas besoin tant celle-ci était grave et profonde. Même s’il tentait de chuchoter, on l’entendait dans toute une salle. Depuis, dans une réunion difficile, ou à propos d’un dossier compliqué, on se demandait mutuellement « Est-ce aujourd’hui qu’on risque de déshonorer la FNTR ? » pour immédiatement éclater de rire en disant « Pas aujourd’hui. Demain peut-être ? Non, demain non plus.». La chose était réellement impossible. S’il y a bien quelqu’un qui a honoré la FNTR, qui a porté avec force la voix de la Profession, qui s’est engagé à son service, avec dévouement et conviction, c’est bien cet homme. Ce fut mon honneur, et celui de bien des personnes, de travailler avec lui. C’était un pilier de la Fédération, une sage autorité. Il l’a représentée partout où c’était possible. Et même quand il ne fut plus « que » Président d’honneur. Une page se ferme. En fait, c’est tout un livre qui se clôt. Il y a tant de choses à dire à propos de René Petit, tant d’histoires à raconter. René Petit est décédé le lendemain des obsèques de Christian Cottaz, représentant CFDT -lui aussi trop tôt disparu-, qui présidait avec lui le Conseil des Métiers de l’OPCO. Ils étaient devenus amis. Le destin est diaboliquement ironique. Nous pensons à son épouse, à sa famille, à ses proches. Nous penserons à lui encore longtemps comme le modèle de l’engagement professionnel, de la diplomatie, du sens politique. Nous penserons à lui comme quelqu’un qui nous a mené sur la route, qui a ouvert le chemin. Et la meilleure façon d’honorer sa mémoire sera de poursuivre avec le même engagement et la même énergie. Voilà ce qu’il faut se dire. Mais n’empêche, aujourd’hui, c’est difficile…. Demain peut-être. Demain certainement.
Florence Berthelot