Priorité prioritaire
3min -La crise d’approvisionnement en carburant dure et s’éternise. On a pu voir en boucle ces images de files interminables d’automobilistes passant des heures tout un dimanche à tenter de s’approvisionner.
On a vu aussi les photographies de ceux qui remplissaient 5 ou 6 jerricans dans le coffre de leur voiture. On a vu des gens se battre. On a interrogé ceux qui ne pouvaient plus aller travailler. Et on est allé aussi interroger des entreprises de transport de marchandises en grande difficulté.
Chaque jour, les Préfectures, les administrations centrales et les cabinets ministériels sont régulièrement informés par nos soins de ce qui se passe sur le terrain. Pas de livraisons en cuve, ou livraisons rationnées, stations professionnelles en rade, prix du carburant qui flambe quotidiennement, désorganisation des tournées de livraison, temps d’attente des conducteurs. Certaines entreprises sont à sec ou sur le point de l’être.
On cherche des solutions mais avec plus de la moitié de la production de carburant arrêtée en France, et une surconsommation énorme, il est difficile de faire des miracles.
La question qui revient souvent est : pourquoi ne sommes-nous pas prioritaires ? Le problème c’est que tout le monde veut la priorité : pompiers, services de police, médecins, infirmières, taxis, transports scolaires et la liste est longue.
A regarder les arrêtés qui commencent à être pris dans tel ou tel département, on s’aperçoit que sont considérés comme prioritaires d’abord tout ce qui est relatif aux services publics. Puis les transports de vivres frais, de denrées à destination des hôpitaux, établissements médico-sociaux, établissements scolaires ou pénitentiaires, et les camions transportant des « denrées non périssables de première nécessité ».
Cela rappelle un peu le débat un peu surréaliste durant la crise Covid sur ce qui était essentiel ou pas et qui nous a valu de ne pas pouvoir acheter durant quelques mois des chaussettes, des jouets ou des livres en supermarché.
Comment définir ce qui est essentiel ou pas ? Ou prioritaire ou pas ?
C’est tout le transport qui est essentiel. Pas seulement pour alimenter les gens. Mais aussi pour alimenter le commerce, l’industrie, la construction automobile, le bâtiment.
Le transport routier est indispensable à tous les citoyens et toutes les entreprises. Si le transport s’arrête tout s’arrête.
On l’a bien vu durant le premier confinement. Ne l’oublions pas.
Chacun veut être prioritaire. Chacun a une bonne raison. Le vrai problème aujourd’hui c’est qu’il n’y en a pas pour tout le monde.
Ou comme dirait certains porte-paroles : il y en a pour tout le monde. C’est seulement qu’il n’est pas immédiatement disponible pour chacun.
Florence Berthelot