Rêves carboniques
2min -« Toute ma vie j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air ». Qu’il semble loin le temps où Jacques Dutronc chantait cette chanson loufoque. C’était il y a un demi-siècle (1970).
Avant la naissance de la maire de Poitiers. Ce qui explique sans doute sa déclaration polémique justifiant la diminution des subventions municipales à deux aéroclubs : « L'aérien ne doit plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui ». Elle reconnait aujourd’hui une maladresse d’expression tout en soulignant d’une part la responsabilité écologique et d’autre part en lançant une affirmation qui peut se décliner à l’infini : « Le vécu des enfants qui naissent aujourd'hui sera différent des enfants qui ont vécu au XXe siècle ».
Merci beaucoup. On peut juste dire cela à chaque siècle d’existence de la civilisation humaine…
Il fut intéressant de voir les défenseurs de l’aérien monter au créneau sans tarder, plusieurs Ministres en tête. Il est peu probable que l’on ait eu la même réaction pour d’autres modes de transport.
Parfois, les « tenants du bien » sont fatigants. Ceci « doit » faire partie du rêve des enfants. Ceci « ne doit pas » faire partie du rêve. On a envie de dire : avant de vous occuper de quoi on doit rêver, occupez-vous déjà de notre réalité quotidienne. Il est sûr qu’il est plus facile de parler en l’air que de s’occuper de ce qui traine sur les trottoirs (autre ville, autre maire).
Lorsque le temps le permet, et qu’à l’occasion d’une pause, on s’assoit sur un banc dans un square, dans un parc, on regarde les enfants jouer. Certains ont entre les mains des petites voitures et même des petits camions (Si ! Si !). D’autres ont improvisé des fusées, en se disant qu’un jour peut-être ils iront vers les étoiles.
Ils sont insouciants. Pour eux, l’univers est à portée de main. Ils ne se préoccupent pas de savoir s’ils sont trop carboniques ou pas. Ils rêvent c’est tout. Et ils s’amusent, s’émerveillent. Certains peut-être deviendront cosmonautes ou ingénieurs et d’autres pas.
C’est sûr, les enfants d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes rêves que les enfants des siècles précédents. Quoique. Les baby-boomers étaient persuadés qu’en l’an 2000, on serait tous habillés de combinaisons argentées et qu’on circulerait dans des voitures volantes. Les générations suivantes se voient habiter sur Mars.
Parmi les projets de colonisation de la planète rouge, une solution technique a semble-t-il été trouvée pour rendre l’atmosphère respirable : on peut transformer le CO2 en oxygène… (d’ailleurs on se demande pourquoi on ne l’appliquerait pas d’abord sur Terre).
Le plus intéressant dans la chanson, c’est la phrase « toute ma vie, j’ai rêvé ». Car ce sont souvent ceux qui rêvent qui trouvent les solutions à des problèmes qu’on croyait insolubles.
Florence Berthelot