Souvenirs de la Révolution
4min -Dans l’esprit de beaucoup de Français, le 14 juillet célèbre la prise de la Bastille. En réalité, notre fête nationale a été instaurée un an plus tard le 14 juillet 1790, jour de la « fête de la Fédération ». Evidemment, quand on appartient à une Fédération, on ne peut qu’y être particulièrement sensible.
On pensait alors que la Révolution était terminée. Pendant un an, un grand vent de réforme avait soufflé et il paraissait nécessaire de célébrer la manière (relativement) pacifique dont tout s’était passé. Un grand moment d’unité nationale qui se devait de marquer les esprits. Chacun, y compris le roi jura fidélité à la Nation. Ce fut manifestement une belle journée, malgré la pluie.
Evidemment, la Révolution n’était pas terminée. Elle devait même ensuite prendre un tour sanglant.
Il semblerait que cette année, à l’occasion du 233ème anniversaire de ce jour, il ne soit pas réellement question de faire la fête. Quant à l’union nationale, il y aurait beaucoup à dire (ou rien du tout).
Quand on ne parle pas de départs en vacances, malgré l’inflation des prix et le coût des carburants, on fait le bilan de l’année écoulée et on prépare (redoute ?) la « rentrée ».
Dans les signaux faibles, plusieurs membres du Gouvernement (remaniement… pas remaniement) laissent entendre que nous aurons tous à faire des efforts pour redresser les finances de la France. Comprenez qu’entre les taxes et la réduction des dépenses publiques, le projet de loi de finances va être douloureux. Et ce, malgré les promesses (auxquelles on ne croyait pas vraiment, il faut l’avouer) que les impôts n’augmenteraient pas. Mais voilà que le désendettement de la France devient soudainement une urgence nationale.
Il y a des informations plus étonnantes. Le journal Le Monde nous apprend qu’à partir du mois d’octobre, sera créé un « bonus » pour faire rapiécer ses vêtements et ses chaussures… Pour éviter d’acheter du neuf. Ou peut-être d’essayer de trouver un magasin de vêtements qui n’a pas fait faillite ? Il ne faudrait pas qu’on soit sans culotte…
On ne pourra pas éluder non plus un contexte international de plus en plus anxiogène dont les conséquences sur notre économie n’ont pas fini de se faire ressentir.
Comme d’habitude, il y a ceux qui observent cela avec inquiétude. Et d’autres qui ne veulent pas y penser, aspirant juste à une parenthèse turquoise sous d’autres latitudes durant la « trêve estivale ».
Cela rappelle une petite histoire dans la grande Histoire. Elle concerne la Comtesse du Barry.
Dernière favorite de Louis XV, elle se retira, à la mort de son royal amant, à Louveciennes, où elle mena une vie confortable mais discrète. Quand la Révolution survint, elle se réfugia précipitamment en Angleterre. Si rapidement qu’elle trouva utile de revenir en France pour y rechercher ses bijoux. Pas très malin. Arrêtée, elle fut convaincue d’intelligence avec l’ennemi et, malgré sa popularité, condamnée à mort.
Le 8 décembre 1793, elle est conduite au pied de l’échafaud.
Ses derniers mots auraient été : « Encore un moment Monsieur le bourreau… ».
Encore un moment, Monsieur le bourreau….
Florence Berthelot