Super rouleur

On connaît de Madame de Sévigné par sa correspondance notamment à sa fille Madame de Grignan. 764 lettres sont aujourd’hui recensées décrivant, comme personne, la vie à la Cour de Louis XIV. Madame de Grignan habitait en Provence. Et sa mère lui écrivait tous les jours de Paris ou de Versailles. Le temps d’acheminement du courrier était fort long et il ne fallait sans doute pas être pressé pour attendre la réponse.

Remarquez, aujourd’hui, cela semble un peu pareil. Si dans le courant du XXème siècle, une lettre de Paris à Paris pouvait arriver le même jour, ce n’est plus le cas. Que ce soit en fonction du prix du timbre ou d’autres problèmes d’organisations, beaucoup se plaignent des problèmes d’acheminement des courriers ou des colis, pour peu qu’ils n’arrivent jamais.

On a beau avoir dématérialisé nombre de correspondances, il n’en demeure pas moins qu’on a toujours besoin de s’envoyer des lettres ou des paquets.

Il y a deux semaines, France Info s’est livrée à un reportage sur le mécontentement des usagers, la lassitude des facteurs (et factrices), les nouvelles organisations du service postal dit « universel ». Le constat est que tout le monde se plaint. Le tableau est fort noir avec des sacs de courrier perdus, des lettres qui arrivent avec des semaines de retard, des erreurs d’acheminent, des tournées moins nombreuses mais plus longues. C’est aussi gênant pour les particuliers que pour les entreprises.

Mais le plus incroyable quand on lit l’article, c’est une anecdote dont on se demande à première lecture si ce n’est pas une fausse nouvelle. Un postier explique que quand la situation devient trop critique « La Poste fait venir un super-rouleur ou super-rouleuse. Il ou elle tourne et ne distribue pas tout mais les usagers sur les premiers jours sont rassurés ». En gros, les usagers voient passer le véhicule dans leur ville et se disent que le courrier va arriver.

Cela s’appellerait « l’effet voiture jaune ».

On n’ose y croire tellement cela paraît énorme. Et c’est bien pourquoi on prend de multiples précautions en citant cet article. Il semble que la Poste n’ait pas voulu répondre aux journalistes.

Quand on pense que pour les camions de transport de marchandises, on nous fait tout un sketch parce qu’il ne faut pas qu’on roule à vide, ou pas assez remplis. Alors que cela n’arrive que très rarement en réalité, notamment en cas de repositionnement sur un lieu de chargement. Un transporteur n’a aucun intérêt à rouler à vide sinon il perd de l’argent. Et en plus, il assure toujours le service !

Et là, pour calmer le client, on ferait juste rouler une camionnette couleur canari pour psychologiquement faire croire que le service va être rendu ? Et les émissions de CO2 ? et les particules fines ? Non ?

On demande juste, c’est pour un ami.

Non, forcément ce doit être une « fake news ».

Florence Berthelot