Théodule

A la différence du prénom « Théodore » qui signifie « Don de Dieu », le prénom Théodule décline « Théo » (Dieu en grec) et « doulos » (esclave). Si la dénomination remonte à des milliers d’années, on peut dater précisément l’expression « comité Théodule ».

En effet, dans un discours du 26 septembre 1963, le Général de Gaulle parlant de lui à la troisième personne, lança à la foule à Orange : « L'essentiel pour lui, ce n'est pas ce que peuvent penser le comité Gustave, le comité Théodule ou le comité Hippolyte, l'essentiel pour le Général de Gaulle, le Président de la France, c'est ce qui est utile au peuple français... ».

Pourquoi l’Histoire a-t-elle oublié les comités « Gustave » ou « Hippolyte » ? Nul ne le sait. En tous cas, elle désigne depuis lors, tous les comités, conseils, organismes divers qui font des rapports, des « Livres blancs », des recommandations, des préconisations, le tout tombant dans un oubli abyssal aussitôt publié.

Depuis bientôt 60 ans, tous les Gouvernements qui se sont succédés, ont voulu faire la chasse aux « comités Théodule ». Mais de fait, ils en ont créé d’autres. Il suffit pour s’en convaincre d’aller regarder combien d’organismes variés, et parfois totalement inconnus du grand public, dépendent aujourd’hui des Ministères et des services du Premier Ministre.

Notons que même parmi les institutions connues, et parfois utiles, bien des avis et recommandations ne sont pas du tout suivis par les décideurs politiques. Ce qui n’empêche nullement que ces « comités » ont des membres en quantité, organisent régulièrement des réunions, et produisent beaucoup de papiers.

Une Fédération professionnelle ne manque pas, à cet égard, de sollicitation soit pour siéger soit pour être « auditionnée ». Et la politique de la chaise vide n’est pas une option.

A titre d’exemple, quand le Gouvernement précédent décida de ramener la vitesse maximale sur les routes départementales à 80 km/h, tout le Conseil National de la Sécurité Routière s’indigna de ne même pas avoir été consulté sur une mesure qui relevait directement de sa compétence.

La dernière anecdote en date est plus récente. Le jeudi 2 décembre, alors que la réunion du « Comité des usagers » (comprendre des usagers des routes et autoroutes) est prévue le lendemain pour débattre de l’augmentation des péages en février prochain, la presse en ligne et les réseaux sociaux annoncent que cette hausse sera de 2% en moyenne.

Stupeur… A quoi va servir la réunion prévue ? La question est directement posée lors de la visioconférence du vendredi. Embarras du côté des administrations de tutelle. Apparemment, la fuite a eu lieu à un niveau supérieur. Et en plus, les représentants des sociétés d’autoroute ne sont même pas présentes.

Cela donne l’impression que « c’est comme ça et puis c’est tout ». En gros, la décision est prise et on a de la chance d’être informés avant. Enfin… pas avant le grand public mais ce n’est pas grave.

Que dire ? Sans doute qu’il faudrait remplacer ces « minutes de Monsieur Cyclopède »* par une minute de silence. Etonnant non ?

* Série d’émissions d’une minute présentée par le grand Pierre Desproges où étaient abordées les questions les plus absurdes qui soient…

Florence Berthelot