Un tiens ne vaut pas mieux que deux tu l’auras

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Pour ceux qui ont l’opportunité de suivre un peu les discussions autour de la loi de finances et la loi de financement de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, il y avait de quoi sauter au plafond.

De manière assez raccourcie, voire caricaturale (à peine), c’était la foire à la taxe. Tiens, si on créait une taxation sur les expatriés (qui pourtant paient des impôts dans leur pays d’installation).

Tiens, si on augmentait la Flat Tax de 30% à 33%. Après tout, cela ne fait que 3% (Heu… Vous avez appris à compter ? Cela fait 10% d’augmentation). Tiens, si on créait une tranche à 49% sur les droits de succession ? Tiens, si on changeait d’un coup tout le système d’allègements de charges sociales ? Tiens, si on changeait de manière rétroactive au 1er janvier 2024, le système de déduction forfaitaire spécifique dans certains secteurs, malgré une lettre d’engagement de l’État d’avril 2023 ?

Et puis tiens ! Si on réinventait la taxe d’habitation après l’avoir supprimée et fait flamber les taxes foncières ! Ce n’est pas « Tiens ! Prends ça » mais bien « Tiens ! On va prendre ça » ».

La créativité en matière fiscale est absolument sans limite. On pourrait même dire sans aucune limite. Il n’y a pas que la dette qui soit hors de contrôle, l’imagination des élus aussi.

Que l’on aimerait que cette inépuisable imagination puisse être utilisée pour envisager de couper dans les dépenses inutiles ou dans l’établissement d’un budget où les dépenses ne sont pas largement supérieures aux recettes !

Certains, la main sur le cœur, clament : « Mais regardez bien nous coupons dans les dépenses ! ». Alors là, on a un réel problème sémantique. Ainsi un allègement de charges est pour l’État une dépense. Donc réduire les allègements de charge, c’est réduire une dépense. Pour donner un autre exemple propre au transport (enfin… propre, c’est vite dit), la ristourne de TICPE dont bénéficient les transporteurs. Pour ces derniers, c’est un facteur de compétitivité par rapport à des pays limitrophes où le prix du carburant et sa fiscalité sont moins élevés. Pour l’État, là encore ce n’est qu’une dépense. Donc raboter cette ristourne, c’est alléger la charge de l’État.

À ce rythme, l’État va sabrer toutes les exonérations de toutes sortes, avant (peut-être) d’envisager de s’attaquer aux vraies dépenses. Les vraies dépenses de fonctionnement, les ménages, les entreprises savent exactement ce que c’est. Sur ce point, l’État aurait à apprendre de ses citoyens. Citoyens qui, actuellement, réduisent la voilure sur tous les postes, consomment moins, voire se privent carrément. Les entreprises, elles, ont suspendu les investissements et les recrutements, histoire de tenter de passer ce cap particulièrement difficile.

Il va devenir difficile de gouverner un pays où l’on demande des efforts à tout le monde sans que l’État (ou les collectivités) ne montre l’exemple.

La colère est bien présente. Et le spectacle des débats actuels sur les finances publiques, loin de la calmer, ne fait que l’alimenter un peu plus.

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