Une affaire de Convention
2min -On l’a un peu oublié, mais la Convention citoyenne pour le Climat est directement issue de la crise des Gilets Jaunes. Partant de l'idée qu’il fallait cesser d’opposer « la fin du monde à la fin du mois », 150 citoyens furent tirés au sort par le Gouvernement pour plancher sur un certain nombre de propositions, autour de différents sujets. De toutes les propositions faites, le Président de la République en a retenu la quasi-totalité.
Ne fut pas retenu le crime d’écocide, qui pourtant revient en force dans le débat d’aujourd’hui. Sans véritable surprise, concernant le transport routier de marchandises, les mesures envisagées visent à privilégier d’abord le ferroviaire (aujourd’hui 9% de part modale), en matraquant les entreprises de transport de taxes et d’obligations nouvelles. En omettant que même si on double d'ici à dix ans tous les autres modes de transport de marchandises, le transport routier restera majoritaire à près de 80%. Une loi est en préparation pour mettre en musique ces mesures de la Convention citoyenne.
Sont prévus le rabot dès 2023, puis la suppression totale en 2030 de la ristourne de fiscalité dont bénéficient les transporteurs. Et ce, même si l’offre de véhicules « propres » et d’énergies alternatives n’est pas disponible. Déjà peu compétitifs en Europe, l’augmentation des coûts aura des conséquences pour les entreprises de transport et leurs clients. Avec le risque de ne pas voir diminuer le nombre de camions sur les routes, mais seulement de voir de moins en moins de camions français, les concurrents étrangers pouvant toujours faire le plein ailleurs, et pour moins cher. Evidemment des promesses sont faites (qui ne seront pas tenues) d’aider les transporteurs à acheter des véhicules lourds électriques ou hydrogènes… qui n’existent pas encore.
Bref, c’est la transition écologique à coup de taxes, sans tenir compte de la réalité. Il y aura beaucoup à dire dans les débats qui vont venir devant les parlementaires. Qui décide ? Les citoyens ? Les parlementaires ? Et au vu de quelles informations de terrain ? Avouons que le plus paradoxal est tout de même de constater que les Gilets Jaunes protestaient contre la taxe carbone et la fiscalité sur le carburant, pour qu’au final, la Convention citoyenne propose -entre autres- une augmentation de la fiscalité professionnelle… En oubliant le caractère stratégique pour la croissance et la reprise d’un secteur qui a répondu constamment « présent » durant toutes les crises traversées. En oubliant la notion essentielle de « compétitivité ». Le projet de loi sera présenté en janvier 2021 au Conseil des Ministres. Il appartiendra aux représentants du transport routier de marchandises de se faire entendre et de rétablir quelques vérités.
Florence Berthelot