Une approche inexacte de la situation

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L’humour anglais se révèle dans des phrases telles que celle-ci « Si vous êtes le seul à garder votre calme pendant que tout le monde perd la tête, c’est que vous avez une approche inexacte de la situation ». Les mêmes anglais qui durant la deuxième guerre mondiale avaient placardé partout des affiches disant « Keep calm and carry on » (Restez calme et continuez).

A dire vrai, au moment où ces lignes sont écrites, le monde est passé par des phases de panique puis de soulagement. Le Président américain ayant annoncé, dans son style fracassant et brutal, la hausse des tarifs douaniers sur les produits de nombreux pays, les Bourses du monde entier se sont d’abord effondrées avant de se ressaisir dans un jeu de montagnes qu’on n’ose plus appeler russes.

Plus curieux, l’or a chuté, ainsi que le pétrole. Notons que sur l’or noir, on pouvait dire : « personne ne s'en rendra compte à la pompe avant très longtemps ». Mais manifestement c’est être mauvaise langue (pas le style de la maison pourtant…) car le litre doit baisser de 5 à 6 centimes dans les prochains jours (seulement ? ah flûte ! on est à nouveau mauvaise langue).

Déjà plusieurs pays, dont l’Inde et le Vietnam sont venus frapper à la porte de Washington pour négocier l’abandon réciproque des droits de douane. En revanche la Chine a annoncé une augmentation supplémentaire de 34% puis 84% de ces droits sur les produits américains.

La guerre est déclarée.

En Europe, chacun y est allé de son couplet de critique sur cette politique agressive américaine qui vise ni plus ni moins à réduire son déficit commercial mais surtout à faire financer sa dette ….par le monde entier.

Le problème c’est que sur le vieux continent on fait comme d’habitude : on cause. Plus ou moins fort, plus ou moins en menaçant. Surtout en France, on montre les muscles « tu vas voir ce que tu vas voir ». Sauf que la Présidente de la commission a proposé dans le même temps, l’exonération réciproque des droits de douane mais …….sur les seuls biens industriels.

Otez-moi d’un doute, elle est de quelle nationalité la dame ? Nos vins et spiritueux ? Nos produits de luxe ? Nos produits agro-alimentaires ? Non ? Quelqu’un ?...

On ne parlera même pas du génie qui avait voulu déposer une proposition de loi pour taxer à 200% les Tesla, alors qu’elles sont fabriquées…en Allemagne.

Ou alors de ceux qui veulent encore boycotter les produits américains en préparant des tracts sur Microsoft Office, ou en postant sur Meta, ou LinkedIn, le tout après avoir payé sa commande de papier avec sa carte Visa.

Des champions.

C’est la guerre, les gars (et les filles). Et manifestement on n’est pas prêts pour celle-là non plus. A force d’avoir sacrifié nos agriculteurs, nos industriels et aussi nos transporteurs, il faudrait peut-être se réveiller d’urgence et agir au lieu de parler. Ce n’est pas la fin du monde, mais la fin d’un monde.

Il est temps de s’occuper un peu de nous, de redécouvrir nos forces, nos atouts et de se remonter les manches, et surtout de déterminer nos priorités.

Mais voilà, il semble que le Président américain ait encore changé d’avis en reportant sa décision sur les droits de douane pour tous les pays…… sauf la Chine. Si de nombreux Etats semblent pousser un soupir de soulagement (ce qui sera toujours un prétexte pour ne pas prendre les décisions adaptées), ne nous leurrons pas.

Les hostilités n’en sont qu’à leur début.

« Don’t panic » disait le voyant lumineux dans « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? ».

Vous savez quoi ? Si on ne veut pas continuer d’avoir une approche inexacte de la situation, on devrait plutôt se dire : « Bon, ok. Paniquons. »

Florence Berthelot 

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