Vous avez deux minutes…
2min -Il semble que la nouvelle méthode de concertation sur tout et n’importe quoi consiste à réunir toutes sortes d’acteurs en leur disant qu’ils peuvent prendre la parole mais avec la consigne : « vous avez deux minutes ». Ce fut le cas lors de la réunion avec les représentants de la Convention citoyenne pour le Climat (voir édito de la semaine précédente). Ce fut aussi le cas pour une réunion de tous les comités de dialogue sectoriel européen des transports. Et le tout en visioconférence (évidemment). C’est sûr que lorsqu’on doit se prononcer sur des positions ou des mesures qui façonneront la politique des transports sur les 10 à 15 ans à venir, et sur les objectifs de développement durable, deux minutes c’est quand même pas beaucoup. Et cela finit par juste être un « exposé des motifs » comme on dit en droit, et jamais un exposé des moyens, vu qu’on n’a pas le temps. Evidemment aucun débat possible, chacun débite ses arguments. Et les animateurs de conclure, après plusieurs heures comme cela, « c’était très intéressant ». On n’est pas loin de penser que tout cela est fait « pour la forme » et que, quelque part, quelqu’un fera en réalité ce qu’il voudra. C’est un exercice imposé désormais. C’est, au fond, plus que regrettable. Plus personne ne s’écoute, plus personne ne se comprend, ni n’essaie même. C’est du style « quand je vois ce que je vois, et que j’entends ce que j’entends, j’ai raison de penser ce que je pense…». Imagine-t-on lors de débats publics à l’occasion de prochaines élections (n’importe lesquelles), les candidats se plier à « merci d’être brefs, vous avez deux minutes » ? Assurément pas. Le drame de tout cela, c’est que, bientôt, faute d’avoir une vraie discussion de fond sur des thèmes engageants, sur des enjeux majeurs pour l’avenir, et dans des secteurs comme celui des transports, indispensables à l’économie et à la société, ce ne seront pas de deux minutes dont on aura besoin, mais d’une seule. La minute de silence…
Florence Berthelot