Vous avez un message...
3min -Dimanche 20 juin 2021 20h. Alors que tombent les résultats du premier tour des élections régionales et départementales, vu le taux d’abstention, on finit par se demander s’il n’y a pas plus de commentateurs sur les plateaux télé que d’électeurs dans les bureaux de vote.
Chacun y va de son bla-bla. Certains perdent la tête et disent que les Français sont inadaptés à la politique. On s’interroge sur le désintérêt des jeunes. Mais tous constatent qu’il y a peut-être un problème de légitimité pour ceux qui seront élus à l’issue du deuxième tour.
Ceci n’est pas un mince problème. Notamment au regard de deux lois qui sont en préparation. La Loi « Climat et résilience » qui donne possibilité aux régions, dans son article 32, d’instaurer une contribution sur le transport routier de marchandises (une écotaxe régionale quoi et quoiqu’on en dise).
Et surtout la loi dite « 4D ». Initialement intitulée loi relative à la « différenciation, la décentralisation, la déconcentration et la décomplexification » , elle a été renommée. La « décomplexification » (que le correcteur Word nous souligne en rouge à chaque fois) a été remplacée par « et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale ».
L’introduction du texte législatif vise « une décentralisation qui offre aux territoires les moyens d’être plus dynamiques, plus agiles face aux principaux défis auxquels ils font face : la transition écologique, le logement, les transports ainsi que la santé et les solidarités ». Le tout se caractérisant par des transferts de compétences.
Dans les articles 6, 7 et 8, on parle de transférer une partie des routes nationales aux départements et aux métropoles, une autre partie aux régions (à titre seulement expérimental), et la maîtrise d’ouvrage à toutes ces collectivités. Cela n’a pas l’air forcément simple et qui dit transfert de compétences dit aussi financements.
Mais qui sont aujourd’hui les régions et les départements quand les principaux intéressés, à savoir ceux qui y résident et y votent, ne se déplacent pas aux élections ? Qui va décider ? Indiscutablement, ceux qui seront élus sur un socle d’électeurs réduit en moyenne à un tiers. Forcément, il y aura toujours des personnes pour contester les décisions ou les remettre en cause.
D’aucuns répondront (et c’est imparable) : vous n’aviez qu’à aller voter. Pas sûr que cet argument sera suffisant.
Si auparavant, on pouvait dire « qui ne dit mot consent », il semble bien aujourd’hui que cette désaffection dise tout à fait le contraire : « vous avez un message ». On ne peut pas faire semblant de ne pas l’entendre. C’est d’autant plus important que quoiqu’on fasse, on ne fera pas des régions françaises l’équivalent des Länder allemands, ni de la France un état fédéral.
Et cette réflexion est à mener avant même d’envisager une autre étape de « décentralisation et de déconcentration ».
Rendez-vous dimanche 27 juin à 20h...
Florence Berthelot