« Ceci n’est pas l’entrée de Pôle Emploi »
3min -Ceux qui se rendent au Siège de la Maison du Transport et de la Logistique à Paris se retrouvent nez à nez avec cette affichette placardée sur la porte de l’immeuble : « Ceci n’est pas l’entrée de Pôle Emploi » Car Pôle Emploi habite au 2ème étage. Tout un symbole. Combien de fois les fumeurs de la FNTR ou de TLF sont interrogés par des demandeurs d’emploi qui, l’air grave et tendu, cherchent désespérément le lieu de leur rendez-vous ! Alors, on leur indique qu’il faut rebrousser chemin, prendre la passerelle et « c’est sur la droite du parvis en face de l’hôtel ». Car si cette affiche laconique leur fait comprendre brutalement quelque chose du style : « c’est pas là ! », personne ne leur dit vraiment où aller.
Plus globalement, quand on se penche sur les problématiques du chômage en France, il y a quelque chose dont personne ne parle vraiment, c’est de son traitement purement administratif. Vous cherchez du personnel ? Alors il faut remplir en ligne les offres d’emploi sur le site. Sinon, passez votre chemin. Vous cherchez un boulot ? Pas de rendez-vous sans avoir d’abord rempli tout un dossier, une fois de plus, sur le site. Il vous faut même remplir laborieusement et avec les plus grandes difficultés la partie RIB (ou IBAN comme on dit maintenant), même si vous ne demandez aucune allocation. Le moindre document manquant et adieu, le dossier est rejeté. Et pas de rendez-vous à la clé avec un(e) conseiller(e). Ensuite, ce n’est pas forcément mieux. Le cas suivant est parfaitement authentique : à un jeune qui avait décroché de l’école à 16 ans, sans diplôme et sans formation (140 000 cas en France par an quand même), et qui cherchait un travail (n’importe lequel), un conseiller lui a enjoint de « suivre ses rêves » et de continuer dans la musique « si c’était vraiment sa passion ». Super...
Pendant ce temps, le secteur du transport désespère de pourvoir des milliers de postes. Selon les statistiques, soit il y a pléthore de candidats, soit il n’y en pas. Ce qui est en soi particulièrement bizarre... Ce qui est sûr, c’est qu’il y avait en juillet 3 518 100 personnes sans aucune activité, et plus de 6 millions toutes catégories confondues. Et on peine quand même à trouver. Franchement, la prochaine fois que j’irai griller une cigarette, j’irai coller une seconde affichette à côté de celle de Pôle Emploi : « mais nous on embauche ! (Musiciens acceptés) ».
Florence Berthelot