En transit de quoi ?
3min -Pas une interview où notre Ministre ne martèle « il faut trouver un moyen de faire payer les camions en transit sur nos routes ». Le problème c’est que si on s’attarde un peu sur cette déclaration, on ne comprend pas bien de quoi il s’agit exactement. Et notamment sur cette question du transit. Les camions en transit de quoi ? On pourrait penser : les camions étrangers en transit sur notre beau territoire de France.
Sauf que ce n’est pas possible. En application des traités européens, on ne peut pas imposer à des non-résidents des obligations ou charges que n’acquittent pas les résidents. Donc, il s’agirait de transit régional. Et là, c’est tout autre chose. Cela signifie que le camion d’une entreprise d’une région qui transiterait par une autre devrait payer. Et là franchement, il faut nous expliquer pourquoi. En effet, le transport a pour vocation d’apporter des marchandises produites ou fabriquées dans une région, ailleurs. En fonction du lieu de consommation, il va falloir très probablement transiter par une autre région. Et pour ça il faudrait payer ? C’est incompréhensible.
Où est la logique ? Que les véhicules circulent dans leur propre région sans jamais aller ailleurs ? Qu’ils fassent de longs détours pour passer par une région sans taxe alors qu’évidemment si on permet cela, toutes les régions vont s’y mettre ? Si on y regarde bien, en réalité, cela touche au farfelu. Le transport routier a bien pour vocation d’irriguer tous les territoires pour permettre tous les approvisionnements, partout. Les transporteurs doivent-ils être pénalisés au prétexte qu’ils livrent ailleurs que dans leur propre région ? Ce serait le début d’une économie prétendument circulaire.
Car finalement c’est de cela qu’il s’agit. On tourne en rond. La vérité, c’est qu’il faut supprimer la fin de la phrase de la Ministre : « il faut faire payer les camions ». Pourquoi ? Parce quand on a dit ça, on laisse entendre qu’ils seront seuls à payer. Or, la vérité c’est qu’ils paient déjà, et qu’il n’y a pas loin pour arriver à l’idée qu’il faut faire payer tous ceux qui seront « en transit ».
Florence Berthelot