Eternel retour

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Eternel retour

Après avoir enchaîné apéro sur apéro, discuté à chaque repas de politique avec des tas de gens qui se voient calife à la place du calife (en l’occurrence tout le monde en France a la fibre d’être Président de la République), après avoir gueulé après les chiens qui aboient après tous les motocyclistes qui passent, rongé son frein avec les gamins qui voient passer les oiseaux en hurlant « Un j’y pète, un j’y pète ! », tout ça parce que leur abrruti de père (oui avec deux r tellement il est abruti) n‘a rien trouvé de mieux comme moyen mnémotechnique pour identifier un gypaète*, regarder la pluie tomber là où il ne pleut JAMAIS en août, cramé à la plage à l’heure (interdite) de midi parce que c’est la seule heure qu’on peut se permettre vu que les vacances c’est pire qu’un agenda de ministre, lu une tonne de romans policiers où on compte au moins 500 morts en cumulé, qu’il est bon de revenir travailler !

Ah quel bonheur ! Retrouver les velléités gouvernementales de fiscaliser tout ce qu’il est possible de fiscaliser, argumenter sur les propositions anti-transport, anticiper la future politique écologique après le départ de M. Hulot, continuer de pester contre les hommes politiques opportunistes qui ont regretté l’écotaxe alors que les obsèques des victimes du pont de Gênes n’avaient pas eu lieu, préparer un Congrès le 16 octobre (auquel vous vous êtes inscrits bien-sûr) préparer une rentrée sociale à haut risque, négocier une phase cruciale du Paquet Mobilité au niveau européen, tenter d’apporter des solutions aux verbalisations abusives, aux dossiers bloqués à l’ANTS, et toujours regarder vers l’avenir à coup de blockchain, de routes énergétiques, d’intelligence artificielle, de drones, et de véhicules autonomes !

Franchement, pourquoi éprouver le moindre regret au souvenir d’être réveillée par la cloche de l’église, de prendre son temps, de manger des tomates qui ont du goût et d’être 24h/24 avec des gens qu’on aime, de se baigner dans une mer émeraude sous un soleil éclatant… ? Oui pourquoi vraiment ? La simple vue du sable qui s’est infiltré dans la valise nous donne l’énergie de pouvoir à nouveau tout recommencer.

*oiseau qui appartient à la famille des Accipitridés...  bref un vautour

Florence Berthelot

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