Hardcore
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Hardcore
Alors que la Présidence Trump a atteint son premier mois, une image a marqué les esprits et pas qu’à Washington. Il s’agit de Javier Milei, le président argentin venant offrir en fanfare à Elon Musk… une tronçonneuse (en argent). En fait de fanfare, il s’agissait plutôt d’un morceau de rock « Bad to the bone » de Georges Thorogood and the Destroyers. (Pour les connaisseurs, un des meilleurs riffs qui soit). Quant à la traduction de la chanson et du nom du groupe, c’est déjà tout un programme.
La tronçonneuse, c’est l’allusion à la politique économique que Milei a mis en place en Argentine et qui porte ses fruits de manière spectaculaire (réduction drastique de l’inflation, des déficits publics, relance de la croissance). Cadeau pour le responsable du DOGE (Département of Governement Efficiency) qui tranche dans le vif, en fermant l’Agence de Développement international des États-Unis, et en épluchant les moindres dépenses inutiles ou non justifiées de la Sécurité sociale au ministère de l’Education.
Ces deux-là ne donnent pas dans la dentelle. C’est plutôt cuir, métal et rock’n roll... Face à ce style, les élus démocrates et la moitié des dirigeants européens sont déjà tombés dans les pommes. Et ceux qui tiennent encore debout s’offusquent de cette brutalité.
Pourtant, les problèmes sont les mêmes dans l’ensemble du monde dit « occidental ». Endettement excessif voire quasi-insurmontable, déficits publics abyssaux, pression fiscale aggravée. La crise sanitaire n’explique pas tout. De mauvaises habitudes de gouvernement ont été prises, les réformes indispensables n’ont pas été adoptées.
C’est de manière bien plus compassée que, dans le même temps, la Cour des comptes a publié un énième rapport sur le déficit français qualifié de « en roue libre ». La France fonce droit dans l’impasse budgétaire si elle ne ralentit pas significativement ses dépenses publiques. Or, l’effort de 50 milliards d’euros dans le budget adopté consiste principalement en une augmentation des prélèvements fiscaux et sociaux.
Chez nous, la réduction des déficits se fait gentiment au coupe-ongles. C’est-à-dire qu’elle ne se fait pas du tout.
La Cour des comptes alerte sans arrêt chaque année à coup de rapports qui calent les armoires. Cependant, le risque est grand, cette fois-ci de voir notre pays carrément décrocher au niveau européen. Mais comme nous sommes des gens civilisés, nous agirons de manière polie sur fond de musique classique. L’orchestre a joué jusqu’au dernier moment lorsque le Titanic a coulé.
La question n’est pas de savoir si c’est mieux outre-Atlantique. C’est juste prodigieusement énergique, décalé et un peu anarchiste. Ça décape, ça réveille, ça secoue. Et c’est assez rigolo de voir les opposants politiques pleurer parce qu’on contrôle les dépenses et qu’on fait des économies à la hache. Le monde à l’envers. Ce n’est pas ici qu’on assisterait à ça.
Et apparemment, on n’a encore rien vu car Donald Trump a déclaré : « Je trouve qu’Elon devrait être plus agressif »
Oh purée ! On va sans doute nous sortir de nouveaux accessoires…
Florence Berthelot