A la niche...

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A la niche...

Pour calmer les Gilets jaunes, le Président de la République a annoncé que les impôts allaient baisser. Et ce, en supprimant les « niches fiscales ». Heu… vous pouvez répéter ? Car une « niche » étant déjà ce qui permet de baisser une imposition, en quoi supprimer une déduction fait-il baisser les impôts ? Si on enlève « moins », cela fait « plus » non ? Ou alors, il va falloir qu’on revoie notre arithmétique. Cela dit, on serait plutôt dans la physique car l’idée serait de baisser les impôts des ménages, en supprimant les niches fiscales des entreprises. Cela s’appelle le système des vases communicants. Et c’est un tournant à 180 degrés par rapport à la politique menée depuis deux ans qui était plutôt pro-entreprises.

A propos de niche, la dernière fois qu’on en a entendu parler dans le secteur, c’est dans le rapport du Conseil d’Orientation des infrastructures qui, pour financer les infrastructures, évoquait la possibilité de raboter voire de supprimer la « niche » fiscale dont bénéficiaient les transporteurs. Cette prétendue « niche » étant la ristourne de fiscalité sur le carburant professionnel prévue par une Directive européenne. De fait, plus la fiscalité sur le carburant augmente et plus cette ristourne est importante. Insupportable pour le Gouvernement qui voudrait bien récupérer cet argent et pointe du doigt les transporteurs. C’est gros comme une maison. Le tout en évoquant la nécessité que les étrangers paient une taxe carbone à la frontière. Ça ressemble farouchement à ce qui était prévu avant la crise « Gilets jaunes » : vignette soi-disant pour les étrangers, et rabot de ristourne pour tous les transporteurs. Non plus pour financer les infrastructures mais pour compenser les baisses d’impôts. Donc il va forcément falloir trouver encore autre chose pour les routes ! Pas bon tout ça. La compétitivité des entreprises françaises de transport est déjà nulle. Et si les coûts donc les prix de transport augmentent, c’est le pouvoir d’achat du consommateur final qui en pâtira. Sous couvert de renvoyer les mécontents à la niche, on prend le risque de voir les transporteurs (et sans doute pas qu’eux) montrer les crocs. 

Florence Berthelot

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