Migrations estivales

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Migrations estivales

Si l’on ne devait croire que ce que l’on voit lors des journaux télévisés, on serait tenté de penser que toute la France est en vacances pendant deux mois. Chaque semaine évoque un nouveau « chassé-croisé » entre ceux qui partent et ceux qui reviennent. Manifestement, il faut occuper du temps d’antenne, micro-trottoirs à l’appui en interrogeant les automobilistes sur les aires d’autoroutes pour savoir s’ils sont partis tôt le matin, et se sont bien hydratés...

Cela rend d’autant plus scandaleuse la totale omerta sur un autre phénomène migratoire : celui qui se produit à Calais. Le cap de dix mille migrants a été dépassé. On ne peut évidemment pas rester indifférent à la situation humanitaire de ceux qui campent en attendant de tenter de passer vers le Royaume-Uni. Mais au-delà de l’émotion, on ne peut pas non plus rester silencieux sur la réalité de ce que vivent les entreprises de transport et les conducteurs, depuis des semaines à l’approche du port et du tunnel. Toutes les nuits, des groupes créent des barrages enflammés avec tout ce qui leur tombe sous la main –y compris du mobilier urbain-, à différents endroits, de manière organisée et simultanée pour arrêter les camions. Les conducteurs sont agressés, les véhicules sont pris d’assaut, parfois incendiés et les marchandises vandalisées ou dérobées. Ce sont des bandes de plusieurs dizaines d’individus qui sont à l’œuvre.  La violence des attaques est sans précédent. Certains conducteurs ne veulent plus assurer les services Transmanche tant ils ont peur. Les forces de l’ordre sont clairement dépassées. Et personne n’en parle.

Pourtant, pas un jour sans que les autorités publiques soient alertées, interpellées. C’est un appel à l’aide que formule toute une Profession. Le secteur du transport routier de marchandises est victime de cette situation, et démuni. Si les faits sont d’une profonde gravité,  ce silence médiatique l’est tout autant.

Profitez-donc de vos vacances, bonnes gens ! En août, la Terre s’arrête de tourner, et il ne se passe rien d’important ! Même le Gouvernement est en congé... Mais le jour où se produira un drame, il ne faudra pas venir s’étonner.

Florence Berthelot

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