Postures pénibles
3min -Alors que les six derniers critères de pénibilité sont entrés en vigueur le 1er juillet, un rapport très intéressant de l’Inspection Générale des Affaires sociales pointe le fait que rien n’a été réellement entrepris pour les agents publics. Pire, les petites collectivités se disent dans l’incapacité d’établir les fiches devant recenser l’exposition des agents au bruit, vibrations, travail de nuit, températures extrêmes etc...
Bienvenue dans le monde des entreprises privées ! Cela fait des mois que les entreprises et les branches s’arrachent les cheveux pour tenter d’établir pour les unes des fiches, et pour les autres des référentiels au vu de normes parfaitement ésotériques sinon pour quelques spécialistes en ergonomie. Un bel exemple est celui des vibrations où il faut vérifier si le salarié a été exposé plus de 450h par an, à une « valeur d’exposition rapportée à une période de référence de 8 heures de 0,5 m/s2 ». Ben tiens... Pour peu que les salariés travaillent dans des postures ou des conditions pénibles, les contraintes administratives et les cotisations sont très lourdes.
Dans le secteur concurrentiel, tout le monde le savait. Et ce n’est pas faute d’avoir alerté sans arrêt les pouvoirs publics qui ont toujours opposé un refus de revenir sur le dispositif. Maintenant, les mêmes pouvoirs publics font la preuve qu’ils demandent à l’ensemble des acteurs économiques de respecter des règles qu’ils sont incapables de s’appliquer à eux-mêmes. Bonjour l’exemple ! Au détour, on y apprend, que comme dans le privé, des compensations pécuniaires avaient été mises en place de longue date, et qu’appliquer la pénibilité reviendrait à remettre en cause un certain nombre de primes. Ainsi : l'indemnité de feu des sapeurs-pompiers professionnels ! Ou encore la prime d’insalubrité dans les hôpitaux !!...
Quoiqu’il en soit, le refus obstiné des autorités de tutelle d’envisager le report de la pénibilité, ou de s’appuyer sur de vrais experts pour constater que le système mis en place est tout simplement consternant de bureaucratie, est assez typique d’une obstination française. Et tout cela, parce que la pénibilité est le résultat d’un compromis entre un gouvernement qui voulait réformer les retraites, et un syndicat auquel il fallait donner des contreparties. Au final, tout le monde est coincé. Ce sont ces postures-là, ces postures politiques qui deviennent vraiment pénibles.
Florence Berthelot