Quand le train a eu besoin des camions…
5min -Gare de l’Est, voie 4. Par un brillant matin de mai, sept voitures du mythique Orient Express stationnent fièrement. Le visiteur chanceux découvre alors un patrimoine datant d’un temps où de vrais fauteuils tapissés garnissaient les wagons, où les voitures restaurants étaient décorées de marqueteries de platane, de bouleau et d’acajou, incrustées de Lalique. On s’attend à voir de grandes voyageuses avec leurs immenses malles, des messieurs consultant leur montre à gousset. Hercule Poirot n’est pas loin.
Mais on ne partira ni pour Venise ni pour Istanbul. Et là parmi toutes les histoires incroyables de ce train, voilà qu’on vous en raconte une, tellement extraordinaire qu’on se demande pourquoi personne n’en a parlé plus que ça. Un mordu du patrimoine ferroviaire a retrouvé un Orient Express de 13 voitures qu’on avait perdu. De fait, il avait été acquis par un ancien cheminot allemand désireux de relancer une ligne prestigieuse vers Moscou. Mais son projet fut stoppé net par une… différence d’écartement des voies. Le train est abandonné en Pologne quelque part à la frontière avec la Biélorussie. Le train est retrouvé et après de multiples rebondissements, la SNCF l’achète. Seulement il faut le ramener en France, et plus précisément à Clermont-Ferrand pour qu’il soit restauré. Mais il n’est pas en état de rouler.
C’est ici que l’histoire devient assez incroyable, car pour rapatrier le train, on fit appel à une très grande entreprise de transport française (la plus grande) qui les ramena grâce…. à ses camions ! Témoignage de la performance exceptionnelle du transport routier, il a fallu cinq mois aux équipes pour ramener toutes les voitures en France. Lors des derniers kilomètres, les camions ont été escortés par la police. La prochaine fois qu’on entendra dire qu’il faut mettre les camions sur les trains, on pourra désormais répondre qu’on peut aussi mettre des trains sur les camions ! Vous avez dit complémentarité des modes ?
Florence Berthelot