Scions, scions du bois...

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Scions, scions du bois...

Un texte fondamental est en discussion au Parlement. La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Curieuse dénomination : comme si jusqu’à présent, on n’avait pas cette liberté de choix. Il s’agit en fait de la énième réforme de la formation professionnelle depuis 15 ans. Dont on nous dit -une fois de plus- que « ça va changer » parce que « si ça continue, il faut que ça cesse » et que « ça ne peut plus durer ». L’URSAFF va collecter les cotisations formation. Les fonds seront gérés par la Caisse des dépôts. Le salarié aura un compte personnel crédité en argent et il choisira lui-même les formations qu’il voudra effectuer. La loi fourmille de mille détails dont on ne sait pas vraiment si cela va améliorer le dispositif de la formation dans notre pays. Ah oui, il faut relancer l’apprentissage... (ça fait penser à « il faut relancer le fret ferroviaire », incantation entendue depuis 30 ans et jamais suivie d’effet).

Dans ces dizaines de pages de textes, il est prévu que les OPCA deviennent des OPCO : opérateurs de compétences. Notez là aussi que le terme ne veut strictement rien dire mais ça sonne. Les OPCA actuels doivent d’urgence se rapprocher les uns des autres car de 20 aujourd’hui, ils doivent passer à 10 au 1er janvier 2019. Au risque de diluer tous les secteurs. Derrière, l’idée que les branches professionnelles qui étaient plusieurs centaines ne soient plus que 200 voire encore moins dans les toutes prochaines années. Le rapprochement des OPCA est donc loin d’être anodin car il peut servir de précédent. Et si on rapproche les branches dans une logique dite « de filière », on rapproche aussi les conventions collectives. Et enfin, les organisations professionnelles et syndicales dans des branches de plus en plus vastes seront de moins en moins représentatives. Le but est sans doute là. Le Gouvernement ne cache pas sa volonté de revoir tous ces corps intermédiaires considérés comme des facteurs de blocage et de conservatisme. Même si c’est faux.

Car dans le cadre de la démocratie sociale, il est essentiel que les entreprises et les salariés puissent faire entendre leur voix, s’opposer mais aussi proposer. Parce qu’au final c’est toujours mieux d’avoir des interlocuteurs structurés que des collectifs incontrôlables. Et aussi parce que tout bêtement c’est dans la Constitution. Le Gouvernement semble vouloir s’assoir sur les branches. Qu’il est en train de scier. Mauvais plan.

Florence Berthelot

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