So-So-Solidarité !
3min -« Oh lé lé ! Oh la la ! Quand il faut râler la CGT est là ! ». Cela fait plus de deux mois que sous nos fenêtres rue Bernard Buffet, les femmes de ménage de l’hôtel Ibis font bruyamment le ramdam toute la journée pour rencontrer la Direction à propos de leurs conditions de travail et leurs rémunérations. Et toute la journée, c’est tambours, chansons, slogans, le tout avec des porte-voix. Pour tout vous dire, il y a du rythme : et quand on ouvre les fenêtres, on ne peut pas échapper à « Mal au dos ! Mal aux pieds ! Mal aux bras ! » ou encore « SDF ! Pas nous ! ».
C’est tellement présent qu’on peut croiser des collaborateurs de la FNTR, ou de TLF qui, dans un moment d’égarement, reprennent : « So-so-solidarité ! ». Avouez que dans une organisation patronale, ça fait un peu bizarre. En fait, ce qui est bizarre c’est que la Direction ne bouge pas. On ne sait pas quel cours de dialogue social ont suivi les responsables RH du Groupe Accor mais, ce qui est sûr, c’est qu’ils ont certainement suivi des stages de « Boules Quiès et patience : ça finira bien par s’arrêter tout seul ». Elles ne sont pas si nombreuses à manifester, mais franchement en termes d’image pour les touristes qui viennent là, c’est plutôt moyen. Il semble que ça se soit déjà produit devant un autre hôtel parisien et que ça ait duré 111 jours.
Si les grévistes veulent battre le record on en a encore jusqu’à Noël. Marlène Schiappa s’est même déplacée en signe de soutien. Sans résultat (ben aussi…). Les habitants du quartier sont régulièrement conviés à des fêtes, à signer des pétitions et tout le toutim. C’est vrai que nous, on aimerait bien bosser et que ça s’arrête enfin. Mais en même temps, on ne peut que remarquer la pugnacité de ces femmes de ménage qui ne sont certainement pas payées pendant la grève et qui, d’une certaine façon, n’ont rien à perdre. Et à un moment, on peut bien se dire que, que l’on soit du côté des salariés, ou du côté des entreprises, le secret d’une action revendicative, c’est la durée. C’est curieux tout de même les réflexions qu’on peut avoir parfois….
Florence Berthelot