Trop belle pour toi

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Trop belle pour toi

S’en prenant à des opinions exprimées par Nicolas Bouzou sur le chômage, l’auteur (e) d’un article l’interpelle en ces termes « accepteriez-vous de devoir subir une forme de déclassement social avec les conséquences qui en découlent en termes d’estime de soi et dans le regard de vos proches, en étant contraint d’abandonner un métier en ligne avec vos compétences pour un autre métier, manuel et sans rapport avec vos compétences ? Par exemple, accepteriez-vous de devenir chauffeur routier, un métier en tension que vous devriez être apte à tenir rapidement après une petite formation intra-entreprise ? ».

En lisant ces lignes, on imagine la rédactrice le mouchoir sur le nez retenant une nausée. « Chauffeur routier ?  Pouah quelle horreur ! ». Autant parler manifestement de la lie de la société. Voici comment une prétendue « élite intelloassisesursachaiseàaparlersanssavoir » cite ce métier en l’exemple du comme comble du déclassement ! D’abord Madame, on ne dit pas chauffeur on dit « conducteur ». Ensuite, votre connaissance du métier est manifestement nulle : on ne devient pas conducteur après « une petite formation intra-entreprises » mais au terme d’une vraie formation qualifiante dispensée par des organismes de formation certifiés. Tertio, c’est un métier loin d’être seulement manuel. Il réclame des compétences organisationnelles, techniques et informatiques et un savoir être et dont je ne suis pas sûre que vous les ayez. Et au final (là je passe au tutoiement parce que ça m’énerve) cette profession exercée par des centaines de milliers de personnes est trop belle pour toi.

Sans les conducteurs routiers et sans les entreprises de transport, il n’y aurait pas d’économie, pas de vie sociale, il n’y aurait rien du tout, pas même la plume et l’encre (ou le clavier) pour nous baver dessus. Par une autre tribune, Nicolas Bouzou a répondu :  « oui ! sans hésiter, si je n’avais pas d’emploi, je deviendrais conducteur routier ». Et parle sincèrement d’un secteur que lui, il connait. Le prochain qui m’interroge sur la pénurie de conducteurs (mais aussi de caristes, d’exploitants, de commerciaux) en me demandant la raison première du manque d’attractivité de nos métiers, je pointerai les pseudo « influenceurs », teneurs de mouchoirs dégoûtés qui parlent de métiers dont ils ignorent tout. Le plus grand déclassement c’est d’être pointés du doigt par ces gens-là, dont on ne voudrait pas chez nous tant ils sont loin de nos valeurs de professionnalisme et de respect.

Florence Berthelot

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