Vert Sévère
5min -« Noir c’est noir ! Il n’y a plus d’espoir… » dit la chanson. Autant avant on rougissait de plaisir, on jaunissait d’envie, on blanchissait l’argent (ou sous les ans, c’est selon), désormais on verdit tout. Non pas que ce soit nouveau mais les résultats des dernières élections ont donné des ailes à certains. Relativisons : 13,5% sur la moitié des votants, la liste écologiste moins de 7% de l’électorat. Mais avec beaucoup de jeunes (peut-être les mêmes qui mangent au fast-food en laissant des emballages partout ?).
D’où la tentation pour les élus et gouvernants de tout servir à la sauce verte. Il ne s’agit pas ici de faire de la politique. Nous avons tous la fibre écolo (y compris dans le transport n’en déplaise à certains). On trie les déchets, on économise l’eau, on réduit nos consommations d’énergies fossiles, on change nos comportements et même notre alimentation.
Le problème, c’est quand l’écologie devient un alibi soit pour les taxes de toutes natures, soit l’occasion du concours Lépine de l’idée qui se veut la plus révolutionnaire. La proposition visant à supprimer des vols intérieurs pour favoriser le train en est un bon exemple. Manifestement, il y en a qui n’ont pas pris le train récemment : retards, prix exorbitants de certains billets, offres insuffisantes, horaires aberrants, liaisons entre grandes villes inexistantes ; le paradoxe c’est qu’il est parfois moins cher et plus pratique de prendre l’avion. Et si pas l’avion... la voiture (horreur !) Ce n’est pas une opinion, c’est un fait. On se plaint mais ailleurs c’est pire. En Suède, il est de bon ton de pointer du doigt tous ceux qui prennent l’avion. On s’interroge : un Suédois qui voudrait venir à Paris aura intérêt -géographie oblige- à s’y prendre très à l’avance.
Pour le transport de marchandises, le débat est à peu près le même. Il faudrait que tout le monde finisse par atterrir (c’est le cas de le dire), lâche son pot de peinture céladon et revienne au principe de réalité : une politique de transport que ce soit pour les personnes ou pour les marchandises doit s’apprécier de manière globale dans une logique de complémentarité des modes. Un point c’est tout. Et n’oublions pas que les accords de Paris ont été finalement signés… à New York. Bonjour le bilan carbone.
Florence Berthelot