Winter is coming*

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Winter is coming*

On a beau tenter d’être indulgent, force est de constater qu’à deux mois des élections présidentielles, les candidats, déclarés ou non, parlent plus d’eux que de nous. Ou encore de situations dans des pays plus ou moins lointains dont on s’interroge sur la comparaison possible avec ce qui se passe en France.

En tant que citoyen ou encore acteur économique ou sociétal, on a de quoi s’inquiéter. Si on faisait preuve de pessimisme, on pourrait se dire que cela ne présage rien de bon pour la suite. On est à deux doigts de l’expression muette d’un aveu d’impuissance.

Plusieurs voix se font entendre sur une réalité bien loin du récit qu’on nous en fait. Le Gouverneur de la Banque de France évoque qu’on ne peut rester indéfiniment avec une dette représentant 115% du PIB. La consommation recule. Les économistes relèvent que si, en France, on affiche une inflation en décembre 2021 de 2.8%, la méthode de calcul européenne dite « indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) » nous situe plus à 3.4% sur l’année 2021.

Cet indice mesure l’évolution des prix... hors dépenses de santé. Et sur ces dernières, on ne va pas faire un dessin, elles ont fortement progressé en raison de la crise sanitaire.

La plus grande part de cette inflation réside dans la flambée des prix de l’énergie. Electricité, gaz, carburants, les pourcentages de hausse sont effarants. On y ajoute l’augmentation de toutes les matières premières due à une situation pénurique et le pouvoir d’achat des ménages dégringole. Et pour peu qu’on ait de l’épargne, vu les taux d’intérêt qui restent bas, les bas de laine se réduisent mécaniquement.

Certains disent que cela ne va pas durer. Mais personne n’en sait rien. Cela relève plus de la méthode Coué qu’autre chose. Et même si cela ne devait pas durer, il n’en demeure pas moins que c’est bien la situation actuelle.

Face à cela qui fait le quotidien de tous les Français, particuliers comme entreprises, on demeure sur sa faim dans les débats électoraux. A croire que ceux qui postulent à la magistrature suprême ou à la députation entendent faire preuve de modération, voire d’une grande pudeur, sur ce qui nous attend après.

Ce qui nous attend après risque bien de ressembler à de la rigueur. Il va falloir serrer la vis pour rembourser la dette, réduire les déficits, faire toutes sortes d’économie, et les impôts et taxes n’iront certainement pas sur une pente descendante.

Si l’Europe a mis entre parenthèses le Pacte de stabilité (et débat sur la nécessité de ne le réactiver en 2023), à un moment, il faudra bien se souvenir que ce Pacte exige que le déficit budgétaire de chaque Etat membre n’excède pas 3% du PIB et que la dette publique ne soit pas supérieure à 60% du PIB.

De tels niveaux semblent bien inaccessibles aujourd’hui notamment pour notre pays.

Manifestement cela ne fait pas partie des fiches d’éléments de langage des candidats dans « la guerre des Trônes ». Il n’est sans doute pas vendeur de dire que les temps sont déjà difficiles mais que certainement ils le seront plus encore dans les mois (années ?) à venir.

Cependant, on n’est pas obligés non plus de promettre des lendemains qui chantent. Il serait peut-être juste nécessaire d’afficher une stratégie.

Ce n’est pas parce que les jours rallongent que l’hiver n’est pas finalement devant nous.

*L’hiver arrive

Florence Berthelot

 

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